Seizième journée de diffusion des comptes extérieurs du Mali au titre de l’année 2022: Pour le Mali, les flux des transferts de fonds reçus des travailleurs migrants, évalués dans le cadre de la confection de la balance des paiements, ont quasiment doublé entre 2014 et 2022
La 16ème édition de la journée de diffusion des comptes extérieurs du Mali au titre de l’année 2022 s’est tenue , le 21 décembre 2023 à Azalaï Hôtel Bamako.La cérémonie d’ouverture officielle était présidée par le Secrétaire Général du Ministère de l’Economie et des Finances, en présence du Directeur national de la BCEAO pour le Mali, du Président du Comité National de la balance des paiements, des représentants des institutions et organisations internationales, des Directeurs Généraux des Services Centraux des Directeurs Généraux des sociétés, banques et établissements financiers, et de grands invités. Son objectif est d’informer les acteurs économiques publics et privés, sur les statistiques de balance des paiements. Le thème retenu pour la journée est « la vulgarisation des résultats de l’enquête sur les transferts de fonds des travailleurs migrants ».
Selon le rapport sur la balance des paiements et la position extérieure globale au titre de l’année 2022, l’environnement économique mondial a été marqué en 2022 par un net ralentissement de la reprise amorcée en 2021.
Au Mali, à l’instar des autres pays de l’UEMOA, une progression de l’activité économique a été observée en 2022, avec un taux de croissance du PIB de 3,5% après 3,1% en 2021, à la faveur de la hausse de la production céréalière. Le taux d’inflation s’est établi à 9,7% en 2022 contre 3,9% en 2021, niveau supérieur à la norme de 3,0% maximum fixée par les critères de convergence de l’UEMOA.
Au titre des finances publiques, les transferts et subventions (sur les produits énergétiques et alimentaires) ont eu des incidences sur l’équilibre budgétaire au Mali. De plus, les dépenses occasionnées par la prise en charge des besoins nouveaux, induits par la mise en œuvre des accords avec les syndicats des travailleurs, le filet social « JIGISEME JIRI » et la crise sécuritaire, ont creusé davantage le déficit budgétaire en 2022.Les recettes budgétaires ont atteint 2.317,7 milliards, soit 1,6% de plus qu’en 2021. S’agissant des recettes fiscales, elles se sont établies à 1.590,7 milliards, marquant ainsi une diminution de 50,5 milliards ou 3,1%. Les dépenses totales et prêts nets ont atteint 2.931,5 milliards, soit une augmentation de 2,2%. Ainsi, le solde global, base engagements et dons compris s’est établi à -570,7 milliards de FCFA (-4,9% du PIB) contre -520,8 milliards de FCFA (-4,8% du PIB) en 2021, pour une norme communautaire de -3,0% maximum. Sur le plan monétaire, l’évolution des agrégats en 2022 a été marquée par une dégradation de 47,6% des actifs extérieurs nets tandis que les créances intérieures et la masse monétaire se sont consolidées respectivement de 27,7% et 10,7%.
Au niveau mondial ,et d’après les estimations publiées par le Fonds Monétaire International (FMI), le taux de croissance de l’économie mondiale est ressorti à 3,5% en 2022, après une progression de 6,2% un an auparavant. Cette décélération est liée à la conjonction de plusieurs chocs, notamment les fortes pressions inflationnistes induites par les répercussions négatives de la guerre en Ukraine et les hausses rapides des taux d’intérêt consécutives au resserrement de la politique monétaire dans de nombreux pays. Le taux d’inflation à l’échelle mondiale a augmenté de 8,8% en moyenne en 2022 contre 4,7% en 2021, imputable notamment aux tensions sur les cours des produits énergétiques et alimentaires que le conflit entre la Russie et l’Ukraine a accentuées. En dépit de la persistance d’une conjoncture internationale peu favorable et des problèmes sécuritaires au plan interne, l’activité économique dans l’UEMOA est demeurée dynamique en 2022. Le taux de croissance économique réel est ressorti à 5,7% en 2022, après 6,1% en 2021, contre 3,8% pour l’Afrique subsaharienne. Le taux d’inflation en moyenne annuelle est ressorti à +7,4% en 2022 contre +3,6% en 2021.
Il était donc important pour la Banque centrale de partager et d’échanger avec les acteurs économiques sur les dernières statistiques à fin d’essayer d’aboutir à l’identification de mesures et actions pertinentes supplémentaires, en plus de celles déjà mises en œuvre par les Autorités, susceptibles d’améliorer l’utilisation de ces transferts au titre de la nouvelle année.
Pour sacrifier au même exercice que lors des éditions précédentes, lors des quelles, la Banque Centrale a fait un exposé synthétique sur certains aspects institutionnels et techniques relatifs à l’élaboration de la balance des paiements.
Le Mali compte de nombreux travailleurs migrants dans le monde entier. Ainis, dans son allocution d’ouverture de la cérémonie, M.Abdoulaye TRAORÉ, Secrétaire général du ministère de l’économie et des finances parlant de l’importance et du dynamisme de la diaspora malienne, a déclaré que « son apport dans la lutte contre la pauvreté, et pour le développement économique est largement reconnu. L’état est fortement impliqué aux côtés d’autres acteurs pour faciliter davantage les conditions de réalisation de ces transferts pour le plus grand profit des travailleurs migrants, de leurs familles et du Mali tout entier, ».
Quant au Directeur national pour la BCEAO Mali, M.Barema BOCOUM dans son allocution du 21 décembre dernier, lors des travaux de la seizième journée de diffusion des comptes extérieurs du Mali au titre de l’année 2022, il est revenu sur quelques points clés du dispositif d’élaboration des comptes extérieurs dans notre zone.
Cette seizième journée coïncide avec les envois de fonds des migrants en direction des pays à faible revenu et intermédiaire. Et, selon les économistes, ces envois, ont connu une accélération au cours de ces dernières années. »Pour le Mali, les flux des transferts de fonds reçus des travailleurs migrants, évalués dans le cadre de la confection de la balance des paiements, ont quasiment doublé entre 2014 et 2022, » a évoqué M.Barema BOCOUM, Directeur national de la BCEAO pour le Mali. Il a expliqué , qu’il est , important d’analyser ces flux, afin d’en améliorer la production statistique, et de mener une analyse plus fine de leur importance dans notre économie.
Toujours dans son allocution, M.BOCOUM, a expliqué que la collecte des informations s’effectue au moyen d’enquêtes auprès des agents économiques. « La confidentialité est assurée par le caractère agrégé des données et garantie par des dispositions réglementaires, »a-t-il souligné. Il a également rappelé ,que les comptes extérieurs se composent de la balance des paiements proprement dite et de la position extérieure globale. « Ces états sont établis conformément à la sixième édition du Manuel de balance des paiements (MBP6) du Fonds monétaire international, »a-t-il rafraîchi les mémoires des participants à cette cérémonie.
Le Directeur National de la BCEAO pour le Mali a aussi évoqué les comptes extérieurs. Il dira à cet effet, que ces comptes sont produits annuellement, dans un délai maximum de dix mois après la fin de l’année de référence. « Cependant, des estimations trimestrielles sont actuellement produites pour les besoins de la BCEAO et des services officiels. Elles devraient faire l’objet de validation par le Comité national puis de diffusion dans les mois à venir, ouvrant ainsi la voie à l’adhésion du Mali aux normes plus avancées de diffusion, » a-t-il déclaré.
A lire aussi, les statistiques annuelles,
S’agissant des statistiques annuelles, après leur validation par le Comité National, M.BOCOUM , a indiqué qu’elles acquièrent un caractère définitif et qu’elles sont largement diffusées comme c’est le cas ce 21 décembre 2023.
Revenant sur la balance des paiements, et le solde de ce compte. M.BOCOUM, a expliqué que la balance des paiements, est un outil d’aide à la décision, un instrument indispensable pour la formulation de politiques économiques. Il a également déclaré que parmi ses composantes, celle relative aux « transactions courantes », qui regroupe les biens, services et revenus, est un indicateur clé de la performance d’une économie vis-à-vis du reste du monde. Quant au solde de ce compte , il a clairement exprimé qu’il est structurellement déficitaire au Mali, du fait essentiellement de l’impact négatif du poste fret et assurance. Pour donner des explications face à cette situation, il affirmé que cela n’est cependant pas une fatalité, et qu’elle peut offrir des opportunités aux agents économiques de notre zone.
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Dans son mot, M.BOCOUM,a retracé quelques chiffres caractéristiques de la balance des paiements au titre de l’année 2022. Il ressort de ces chiffres que
les exportations de biens se sont inscrites en hausse de 660 milliards, soit 24,5% par rapport à l’année 2021, en liaison avec celle des ventes extérieures d’or non monétaire et du coton-fibre, qui représentent respectivement 81% et 8,8%, pour des montants de 2.726 milliards et 295 milliards. Concernant les importations de biens FOB, c’est-à-dire hors fret et assurance, il annoncé qu’elles sont établies à 3.488 milliards de FCFA, en hausse de 21,8% par rapport à 2021. »Ainsi, la balance commerciale, qui représente la différence entre la valeur des biens exportés et celle des biens importés, est ressortie déficitaire de 135 milliards de FCFA, en amélioration de 35 milliards par rapport à 2021 où elle avait affiché un déficit de 169 milliards. Cette évolution est imputable à la progression plus rapide des exportations que des importations.Le solde courant est ressorti à -920 milliards en 2021, après -814 milliards en 2021, et représente -7,9% du PIB. Le solde global s’est établi à -463 milliards de FCFA après un déficit de 58 milliards en 2021 et un excédent de 451 milliards de FCFA en 2020, » a-t-il souligné. D’où une détérioration du solde global qui s’explique essentiellement par celle du compte courant, comme indiqué plus haut.
Il faut retenir que selon des dispositions réglementaires qui régissent les relations financières extérieures des Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), c’est le Comité national de la balance des paiements, présidé par le Directeur Général de l’INSTAT et dont le secrétariat est assuré par la Direction Nationale de la BCEAO, qui est chargé de l’établissement des comptes extérieurs.
Pour conclure, nous dirons que l’enjeu d’une telle journée pour la Banque Centrale, est la préservation d’un niveau confortable de réserves de changes afin de défendre la valeur externe de notre monnaie commune et de faire face aux besoins d’importations des agents économiques.
Madou’s CAMARA