L’audition de Mme Bouaré Fily Sissoko : Zones d’ombre et défaillances dans la gestion des équipements militaires
Dans un contexte de transparence renforcée et de vigilance accrue sur la gestion des finances publiques, l’audition de Mme Bouaré Fily Sissoko a révélé des lacunes significatives et des éléments troublants quant à la gestion des équipements militaires sous IBK.
Un protocole controversé avec GUO Star
Le 27 septembre 2024, Mme Bouaré, ancienne ministre des Finances, a été interrogée sur un protocole signé entre le ministère de la Défense et la société GUO Star pour un montant de 69 milliards de FCFA. Ce protocole prévoyait un financement initial par le fournisseur, avec remboursement ultérieur par l’État. À l’époque, M. Mahamadou Camara, Directeur de cabinet du président, avait préparé et signé un mandat exclusif au nom de la présidence en faveur de M. Kagnassy, conseiller spécial du président, pour le préfinancement de ce protocole.
Mme Bouaré a confirmé un premier paiement de 22 milliards de FCFA suivi d’un second effectué par son successeur, laissant un solde de 25 milliards de FCFA. Face à l’incapacité de GUO Star d’obtenir une garantie bancaire, l’État a fourni une garantie de 100 milliards de FCFA couvrant l’ensemble des protocoles liés au ministère de la Défense. Une procédure judiciaire a été engagée, et le tribunal a ordonné le paiement du solde dû.
La gestion des équipements militaires : opacité et risques financiers
Mme Bouaré a affirmé ne jamais avoir participé aux négociations sur les prix des équipements, précisant que GUO Star pouvait appliquer une marge bénéficiaire de 10 à 15 %, conforme aux standards internationaux pour ce type de contrat. En l’absence de mercuriale pour les équipements militaires, il est difficile de vérifier les prix pratiqués, surtout que les fournitures militaires restent spécifiques et soumises à des tarifs libéralisés au Mali depuis 1986.
Bien qu’elle n’ait pas été consultée pour ce protocole, Mme Bouaré a pris ses responsabilités en tant que comptable public, en veillant à honorer l’engagement de l’État sans retarder la fourniture d’équipements pour les forces de défense, tout en préservant la bonne gestion des finances publiques.
Suspicions de surfacturation : le rapport du BVG
Le rapport du Bureau du Vérificateur Général a mis en évidence des suspicions de surfacturation : par exemple, des gilets pare-balles facturés à 650 000 FCFA, alors que leur coût en usine est de 250 000 FCFA. Mme Bouaré a cependant refusé de commenter ces allégations, préférant laisser le tribunal déterminer la destination des 29 milliards de FCFA supposément détournés.
Cette audition a mis en lumière la complexité et les failles du système d’acquisition d’équipements militaires, soulignant la nécessité de procédures rigoureuses et transparentes. La gouvernance publique exige une vigilance accrue, des garanties effectives et un encadrement juridique strict pour chaque étape des marchés publics.
L’audience reprendra le 30 septembre
L’audience reprendra le 30 septembre, avec l’espoir que des réponses précises sur la responsabilité des différents acteurs seront apportées, notamment sur le rôle des représentants de la présidence et la nature des contrats négociés. Cette situation constitue une occasion pour l’administration de renforcer la gestion des ressources publiques.
Rappel des deux derniers jours de la Cour d’Assises sur l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel
Le procès relatif à l’achat controversé de l’avion présidentiel, impliquant Mme Bouaré Fily Sissoko, s’est poursuivi les 25 et 26 septembre 2024. Face aux accusations de détournement de fonds et de complicité d’atteinte aux biens publics, Mme Bouaré a déclaré avoir agi sous les ordres de sa hiérarchie, affirmant ne pas savoir que l’avion n’était pas immatriculé au nom du Mali. Elle a justifié l’achat par la réduction des coûts des déplacements présidentiels.
Le 26 septembre, l’attention s’est portée sur une transaction de 15 milliards de FCFA dont l’origine reste floue. Le Directeur National du Trésor de l’époque n’a pu fournir d’explications claires sur cette autorisation. La Cour d’Assises a exigé la présentation de preuves, dont la lettre d’autorisation et les factures justificatives, pour la prochaine audience prévue le 27 septembre 2024. Le tribunal a également ordonné la comparution de nouveaux témoins clés, dont le Général Sidiki Samaké et Mme Coumba Diarra.
Cette affaire continue de soulever de sérieuses questions sur la gestion des finances publiques au sommet de l’État, et l’audience à venir devrait s’avérer déterminante pour établir les responsabilités de chacun des acteurs impliqués.
Info360.info