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Acquisition de l’avion présidentiel et équipements militaires : Mahamadou Camara devant la Cour d’assises spéciale

La saga des responsabilités éclate au grand jour. Le procès de l’acquisition controversée de l’avion présidentiel et des armements militaires a repris devant la Cour d’assises spéciale, avec la comparution de Mahamadou Camara, ancien ministre et directeur de cabinet à la présidence de la République du Mali au moment des faits.

Accusé d’avoir signé un mandat conférant à M. Sidy Mohamed Kagnassy la mission d’acquérir ces équipements pour le compte de l’État, M. Camara est confronté à des accusations de préjudices financiers infligés à l’État.

Déroulement de l’audience

L’audience du 1er octobre 2024 a débuté à 09h14 avec l’appel de l’accusé à la barre. Le ministère public a immédiatement interrogé Mahamadou Camara sur les circonstances entourant la signature du mandat. Le point central de l’interrogatoire a été l’absence d’un mandat écrit émanant du président de la République. En réponse, M. Camara a affirmé avoir agi sur la base d’instructions verbales données directement par le président, expliquant ainsi l’absence de document formel.

Le procureur général a cherché à établir la responsabilité de M. Camara dans la formalisation de ce mandat et son impact négatif sur les finances publiques. La question des vérifications nécessaires concernant les sociétés de M. Kagnassy a également été soulevée. M. Camara a admis qu’il avait suivi les ordres du président sans autre considération et que M. Kagnassy ne rendait compte qu’au chef de l’État. Par ailleurs, l’interrogatoire a mis en lumière le conflit d’intérêts potentiel lié à la nomination ultérieure de M. Kagnassy en tant que conseiller spécial du président.

Le rôle d’Amadou Kouma dans le cadre du protocole signé avec M. Kagnassy a également été discuté. Mahamadou Camara a précisé n’avoir pris connaissance de ce protocole qu’après les faits, et que son rôle s’était limité à la signature et à la transmission du document.

Les échanges tendus et les responsabilités en jeu

Le conseil du contentieux de l’État, représentant l’État en tant que partie civile, a souligné que l’État avait été lésé par cette opération, mettant en avant la responsabilité personnelle de M. Camara dans la signature du mandat. Les avocats de la défense ont réagi vigoureusement, accusant le conseil de l’État de dépasser ses prérogatives et de prendre une posture partisane. Le président de la cour a assuré que le tribunal resterait impartial, ce qui a temporairement apaisé les débats avant la suspension de la session.

Lors de la reprise, la cour a précisé que le contentieux de l’État, en tant que partie civile, ne pouvait être soumis à un interrogatoire des avocats de la défense. Ces derniers ont alors sollicité davantage de précisions sur les fonctions exercées par Mahamadou Camara à la présidence et sur la nature des ordres reçus. Ils ont également évoqué la possibilité d’une cabale visant leur client, une hypothèse que M. Camara a confirmée en dénonçant l’injustice d’être poursuivi pour avoir obéi à une autorité supérieure.

Un procès emblématique des défis de la gouvernance

Le procès de Mahamadou Camara devant la Cour d’assises spéciale jette une lumière crue sur les zones d’ombre qui entourent la gestion de l’acquisition de l’avion présidentiel et des armements militaires. Les responsabilités des acteurs impliqués restent floues, mettant en évidence le dilemme de la chaîne de commandement et des ordres émanant d’une autorité supérieure. La question de la transparence et du respect des procédures dans la gouvernance de l’État malien est plus que jamais au centre de ce débat judiciaire. Le respect des règles de passation des marchés et l’obligation d’une diligence appropriée, notamment lorsqu’il s’agit des deniers publics, apparaissent comme des enjeux cruciaux pour éviter de futurs préjudices à la nation.

Lors de l’audience sur l’affaire de la défense, le Colonel Major Nouhoum Dabitao a été interrogé sur son rôle dans l’expression et la réception des besoins en équipements militaires, notamment en matière d’habillement, de couchage, de campement, et d’ameublement. Il a confirmé avoir attesté la livraison de tous les équipements, bien qu’il ne dispose pas des bordereaux de livraison nécessaires, suscitant des doutes sur la conformité de ces livraisons. Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) estime que des équipements d’une valeur de 9,456 milliards de FCFA n’ont pas été fournis, malgré le paiement intégral au fournisseur sous les instructions de Dabitao.

Par ailleurs, Dabitao a expliqué avoir été envoyé en mission en France pour vérifier les commandes, mais des attestations de conformité ont été signées par l’ancien Premier ministre Soumeilou Boubeye Maiga sans que Dabitao en soit informé. L’audience a également révélé que certains documents de conformité avaient été signés par le ministre de la Défense à la place de la Direction du Commissariat des Armées, ce qui soulève des interrogations sur la transparence des procédures. Le tribunal a questionné Dabitao sur la nécessité de traiter directement avec les fabricants pour économiser des fonds, une démarche qu’il a soutenue.

Ce procès n’a pas encore révélé tous ses aspects. Ce qui est certain, c’est que nous avons face à nous des magistrats aguerris, des professionnels qui sauront faire la part des responsabilités.

La séance a été suspendue par la cour à 16h46 avec l’annonce de sa reprise le 2 octobre à 09h30.

Info360.info

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