Audience décisive pour le procès de l’avion présidentiel : Témoignages et nouvelles charges
L’audience du lundi 30 septembre 2024 a marqué une étape cruciale dans le procès de l’acquisition controversée de l’avion présidentiel et des équipements militaires. La journée a été dominée par le témoignage de Boubacar Ben Bouillé Haidara, ancien Directeur Général du Trésor, ainsi que par l’introduction de nouvelles charges par le parquet général.
Le témoignage contesté de l’ancien Directeur Général du Trésor
Le témoignage de Boubacar Ben Bouillé Haidara a été l’un des moments les plus marquants de l’audience. Appelé à s’expliquer sur le décaissement de 15 milliards de francs CFA, il a présenté des lettres datant de 2014 et 2015 issues du ministère de l’Économie et des Finances et de la Présidence, mais n’a pas été en mesure de fournir les pièces justificatives essentielles, telles que les factures et bordereaux correspondants.
Les conseillers de la cour ont exprimé leur frustration face à l’absence de ces documents importants. L’un d’eux a souligné la nécessité de preuves tangibles des échanges financiers entre les différentes institutions impliquées, rappelant que des documents de transmission en bonne et due forme sont indispensables pour éclaircir les modalités de gestion des fonds publics.
Le parquet introduit de nouvelles charges
Le ministère public a demandé l’introduction de nouvelles charges, notamment pour « association de malfaiteurs » et « coalition contre la loi et la Constitution », fondées sur les articles 77 et 78 du Code pénal. Les avocats de la défense ont immédiatement dénoncé cette initiative, qualifiée de tentative de prolonger les débats sans fondement. Ils ont rappelé que l’affaire avait déjà fait l’objet de longues procédures devant la Cour Suprême depuis trois ans et ont exhorté la cour à se concentrer sur les faits établis.
Déroulement des débats et tensions dans la salle
Après une suspension temporaire due aux tensions entre le ministère public et la défense, l’audience a repris avec de nouvelles questions posées à l’ancien Directeur Général du Trésor. Le procureur a cherché à clarifier la base légale du décaissement des fonds, tandis qu’Haidara a réitéré avoir agi sur instruction du ministre des Finances de l’époque, sans fournir de justifications documentées.
L’audience a continué dans un climat tendu, les avocats de la défense dénonçant des failles procédurales et l’absence de preuves concrètes. Ils ont insisté sur la nécessité de concentrer les débats sur les irrégularités entourant l’utilisation des fonds publics pour l’achat de l’avion présidentiel.
Vers une décision clé pour la suite du procès
Cette session a révélé de nombreuses faiblesses dans la gestion des fonds publics, notamment l’absence de justificatifs appropriés pour des décaissements d’une telle envergure. Le témoignage de Boubacar Ben Bouillé Haidara a soulevé des interrogations sur les pratiques comptables de l’administration de l’époque. En fin de journée, l’interrogatoire de Mahamadou Camara, ancien ministre directeur de cabinet à la présidence, a été annoncé pour la reprise de l’audience prévue le 1er octobre 2024.
Alors que la cour examine la possibilité de retenir les nouvelles charges introduites par le parquet, les questions sur la responsabilité des différents acteurs demeurent. Ce procès, au-delà de l’acquisition de l’avion présidentiel, est devenu un symbole des dysfonctionnements de l’administration publique. Les enjeux sont importants non seulement pour les personnes mises en cause, mais également pour la transparence et la crédibilité des institutions de l’État.
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