L’Harmattan et la pollution atmosphérique : Une double menace pour Bamako
Depuis quelques jours, Bamako vit sous le souffle étouffant de l’Harmattan, ce vent sec et poussiéreux venu du Sahara. Si ce phénomène naturel, récurrent de décembre à mars, marque l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, ses conséquences sont particulièrement sévères dans les grandes villes comme Bamako, déjà confrontées à une pollution atmosphérique croissante.
L’Harmattan, un facteur aggravant pour la pollution à Bamako
L’Harmattan transporte des particules fines et du sable qui s’ajoutent aux fumées des véhicules vétustes, au brûlage des déchets à ciel ouvert et aux effluves des usines. Ce mélange toxique transforme l’air de Bamako en un véritable danger pour la santé publique. Les enfants, les personnes âgées et les travailleurs exposés sont les premières victimes, souffrant de maladies respiratoires, d’allergies et d’autres complications graves.
Une conférence alarmante sur la santé respiratoire
Le 21 novembre 2024, lors d’une conférence organisée par l’Association Malienne des Anciens Fonctionnaires Internationaux des Nations Unies (AMAFINU), des experts ont tiré la sonnette d’alarme. Sous le thème « Impact de la pollution atmosphérique sur la santé respiratoire », des données édifiantes ont été partagées.
Le Pr Yacouba Toloba, pneumologue de renom, a révélé que la pollution de l’air est responsable de 7 millions de décès par an dans le monde, selon l’OMS. Au Mali, cette pollution affecte particulièrement les quartiers de Bamako comme Darsalam et les environs du pont Fadh, où les conditions de vie sont déjà précaires.
Le Pr Bah Keita, président de l’AMAFINU, a dénoncé l’absence de contrôle dans l’urbanisation et l’industrialisation, aggravant les risques en période d’Harmattan. Il a appelé à une mobilisation collective pour protéger les populations : « Il est urgent de sensibiliser et d’agir concrètement pour réduire les impacts sanitaires. »
Pour un Bamako plus sain
Les experts ont proposé des solutions pour combattre la pollution atmosphérique :
1. Politiques publiques : Interdire l’importation de véhicules d’occasion, responsables de la majorité des émissions polluantes.
2. Coordination des efforts : Créer une commission interministérielle regroupant les secteurs des Transports, de la Santé, de l’Environnement et de l’Industrie.
3. Recherche spécialisée : Mettre en place un institut pour étudier les maladies respiratoires et les impacts environnementaux.
4. Sensibilisation des populations : Informer sur les gestes de prévention comme le port de masques et l’évitement des zones fortement polluées.
5. Surveillance de la qualité de l’air : Installer des dispositifs de suivi dans les zones critiques pour alerter et orienter les politiques.
Adopter une approche intégrée : « One Health »
L’approche « One Health », qui lie santé humaine, animale et environnementale, a été mise en avant. La pollution atmosphérique ne menace pas uniquement les populations, mais aussi les écosystèmes, contribuant à la dégradation de la biodiversité.
Cinq actions prioritaires pour limiter l’impact de l’Harmattan
1. Renforcer les contrôles techniques des véhicules.
2. Promouvoir les énergies propres et renouvelables.
3. Éduquer les populations sur les risques et les bonnes pratiques.
4. Moderniser la gestion des déchets pour éviter leur combustion.
5. Surveiller et analyser en continu la qualité de l’air.
Un appel à la mobilisation collective
Les autorités, les professionnels de santé, les industriels et les citoyens doivent agir ensemble pour réduire les effets de l’Harmattan et de la pollution. De simples gestes comme éviter de brûler des déchets, porter un masque ou planter des arbres peuvent contribuer à améliorer la qualité de l’air.
Pour un futur plus sain
La pollution atmosphérique n’est pas seulement une crise environnementale, mais une menace directe pour la santé publique. Face à l’urgence, Bamako doit adopter une stratégie globale pour protéger ses habitants, en commençant par des actions concrètes et des politiques durables. Ainsi, un Bamako résilient et sain pourra devenir une réalité.
Par Madou’s CAMARA info360.info