Mali- Bonne gouvernance et transparence budgétaire : L’OPAM face aux conclusions du Vérificateur Général
Un rapport accablant qui appelle à des réformes urgentes. Dans un contexte où la rigueur budgétaire et la transparence financière sont des piliers de la bonne gouvernance, le dernier rapport du Vérificateur Général met en lumière des irrégularités majeures au sein de l’Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM).
Ces anomalies, à la fois administratives et financières, témoignent d’une gestion qui mérite des ajustements profonds pour garantir l’efficacité de l’Office dans l’exécution de sa mission stratégique : assurer la sécurité alimentaire du pays.
Des manquements administratifs préoccupants
Le rapport révèle un manque de rigueur dans la gouvernance interne de l’OPAM. Parmi les principales irrégularités figurent l’absence de manuel de procédures validé, l’organisation de conseils d’administration avec des membres non habilités, ainsi que le non-respect du Contrat-Plan signé avec l’État. Pire encore, le Commissariat à la Sécurité Alimentaire, structure de tutelle, ne produit pas de rapport annuel détaillé à la Présidence de la République, une obligation pourtant essentielle pour le suivi et l’évaluation des performances de l’OPAM. Sur ce point , l’OPAM produit-il des rapports d’activités au Commissariat à la Sécurité alimentaire ?
D’autres dysfonctionnements incluent le non-respect des procédures de passation des marchés, le démarrage de travaux de construction sans contrat, et l’utilisation irrégulière de bons de transfert de céréales. Cette situation reflète un besoin urgent de renforcement des mécanismes de contrôle interne et de supervision.
Des irrégularités financières alarmantes
Sur le plan financier, le rapport du Vérificateur Général met en évidence des irrégularités chiffrées à plus de 542 millions de FCFA. Ces anomalies comprennent : Paiement d’indemnités indues aux membres du Comité de Gestion (4,35 millions de FCFA), le fractionnement de dépenses pour contourner les règles de passation des marchés (246,17 millions de FCFA),l’
absence de justificatifs pour certaines dépenses (23,71 millions de FCFA),le
paiement de dépenses inéligibles liées à la réhabilitation de magasins (215,09 millions de FCFA),l’utilisation de bons de transport fictifs pour justifier des frais logistiques (52,78 millions de FCFA),la non-justification de l’enlèvement de 1 360,5 tonnes de riz issues d’un don
En outre, une affaire de morcellement irrégulier d’un terrain affecté à l’OPAM, sur une superficie de 2,73 hectares, soulève des interrogations sur la gestion du patrimoine foncier de l’Office.
Responsabilité , et action
Face à ces constats accablants, le Vérificateur Général a transmis le dossier au Procureur de la République chargé du Pôle National Économique et Financier, ainsi qu’au Président de la Section des Comptes de la Cour Suprême pour d’éventuelles poursuites judiciaires.
Cependant, au-delà des sanctions, ce rapport doit être perçu comme une opportunité pour l’OPAM d’améliorer ses pratiques et de restaurer la confiance du public et des partenaires. Il est impératif que : le Commissariat à la Sécurité Alimentaire assume pleinement son rôle de tutelle en produisant des rapports réguliers et en veillant au respect des obligations contractuelles de l’OPAM.
Que l’OPAM adopte un manuel de procédures validé, garantissant une gestion transparente et conforme aux règles en vigueur. Que les instances de contrôle renforcent leur vigilance pour prévenir toute dérive future. En fin , que les recommandations du Vérificateur Général soient mises en œuvre sans délai, avec des mécanismes de suivi rigoureux.
Une gouvernance exemplaire pour préserver la sécurité alimentaire
L’OPAM joue un rôle capital dans la gestion des réserves stratégiques de céréales du Mali, notamment le SNS ou Stock national de sécurité alimentaire. Une gestion défaillante met en péril non seulement les finances publiques, mais aussi la sécurité alimentaire de millions de Maliens. Ce rapport est un signal fort qui appelle à une refonte des pratiques internes et à un engagement ferme en faveur de la transparence et de la responsabilité budgétaire.
Loin d’être un simple constat d’échec, ces révélations doivent être le point de départ d’une réforme structurelle garantissant une gestion saine, efficiente et alignée sur les principes de la bonne gouvernance.
Mamadou Camara Info360.info avec le BVG