Quel Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur pour un Mali nouveau ? Entre perte de repères et nécessité de refondation
Alors que le Mali traverse une période particulière de son histoire, marquée par des défis politiques, sociaux et diplomatiques majeurs, la question du rôle et de la posture du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME) mérite d’être posée avec clarté et exigence. Créé à la suite de la Conférence nationale de 1991 et reconnu d’utilité publique depuis 2009, le HCME devait incarner la voix libre, constructive et apolitique des millions de Maliens de la diaspora. Mais aujourd’hui, face aux refoulements massifs de nos compatriotes de Mauritanie, aux violations de leurs droits dans plusieurs pays, et à l’image vacillante du Mali à l’étranger, l’organisation semble en décalage total avec ses missions initiales.
Organisme consultatif à caractère associatif, laïc et apolitique, le HCME n’a jamais été conçu pour être un bras politique ou un levier de soutien aveugle aux régimes successifs. Sa mission est claire : représenter et défendre les droits et les intérêts de tous les Maliens de l’extérieur, sans distinction ni calcul politique. Loin des éloges systématiques et des flatteries institutionnelles, il s’agit d’une mission d’engagement, de responsabilité et de redevabilité vis-à-vis de cette diaspora qui constitue l’un des piliers de l’économie nationale et de la diplomatie citoyenne du Mali. L’heure n’est plus
aux propos, bien que pleins de reconnaissance, interrogent sur le positionnement réel d’un en porte-à-faux avec l’esprit de neutralité du HCME, décrédibilise la structure et la réduit à une caisse de résonance des régimes successifs.
Alors que de nombreux jeunes Maliens sont actuellement maltraités et refoulés en Mauritanie dans des conditions dégradantes,le retard, le silence ou la tiédeur des instances du HCME scandalisent.Où est l’indignation ? Où sont les déclarations fortes, à l’image de celles attendues d’un organe représentatif d’une diaspora forte de plus de 4 millions de personnes ? Le Mali est sous les projecteurs, et c’est dans ces moments que ses représentations extérieures doivent briller par leur dignité, leur fermeté et leur engagement.
LES EFFORTS DE L’ÉTAT NE SONT PAS UN CHÈQUE EN BLANC
Il est important de rappeler que l’État malien, malgré ses contraintes budgétaires, a fait des efforts significatifs pour doter le HCME de moyens, comme en témoigne la construction de la Maison des Maliens de l’Extérieur à Bamako pour un coût de près d’un milliard de FCFA. Ce joyau architectural devait être un symbole d’accueil et de considération. Mais que vaut ce symbole si les représentants de la diaspora ne sont pas à la hauteur des attentes des compatriotes qu’ils sont censés défendre ?
Il est temps de faire évoluer le HCME pour qu’il joue pleinement son rôle dans un Mali en reconstruction. Cela passe par la refondation des instances du HCME avec des critères de représentativité et de compétence, en instaurant un audit indépendant de la gouvernance actuelle, la
création d’un Observatoire de la condition des Maliens à l’étranger, chargé de documenter les abus, informer les autorités et alerter l’opinion publique, le lancement d’un Fonds de solidarité de la diaspora, cogéré par la société civile, pour répondre aux urgences humanitaires des Maliens en détresse, le renforcement des antennes consulaires avec des relais HCME actifs et formés dans les pays sensibles, notamment en Afrique du Nord et subsaharienne, l’organisation d’États généraux de la diaspora malienne, pour faire un diagnostic honnête, revoir la feuille de route du HCME et élaborer une nouvelle charte de représentativité.
Le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur ne doit pas devenir une institution d’apparat ni un instrument de cour. Il doit être une force d’action, une voix forte et indépendante, un trait d’union entre les Maliens de l’extérieur et leur patrie. Dans le Mali nouveau que nous appelons de nos vœux, aucune structure ne peut survivre sans légitimité ni résultats. À l’heure où les yeux du monde sont tournés vers le Mali, il est temps que le HCME cesse de caresser les régimes dans le sens du poil, pour plutôt défendre sans complaisance et avec intégrité l’honneur, les droits et la dignité des Maliens de la diaspora.
Car le respect du Mali commence aussi par le respect de ses enfants, où qu’ils soient.
Madou’s CAMARA info360.info