Actualité nationale

Mali : Le choix entre la précipitation et la refondation?

Depuis 2012, le Mali n’est plus tout à fait le même. Le pays traverse une période longue et douloureuse de mutations politiques, sécuritaires et sociales. Les événements récents, depuis 2020 jusqu’à aujourd’hui, témoignent à la fois d’une volonté de rupture avec un ordre ancien jugé défaillant et d’une immense quête collective de refondation. Mais entre espoirs, malentendus et incertitudes, la route vers la paix, la cohésion sociale et la stabilité demeure semée d’embûches.

Un rappel nécessaire

Tout a peut-être basculé dans l’interprétation d’une simple déclaration : celle des militaires, après les manifestations populaires, affirmant avoir « parachevé la lutte » du peuple. Était-ce une erreur de communication ou une maladresse stratégique ? Toujours est-il que cette phrase a brouillé les lignes. Elle a donné à certains l’illusion que tout était désormais accompli, alors qu’il ne s’agissait en réalité que du début d’une transition complexe, dans un contexte national et international extrêmement fragile.

Dans le même temps, de nombreuses incompréhensions politiques se sont installées en appelant à des élections nationales immédiates, certains acteurs semblaient oublier que dans des moments aussi critiques, un référendum de clarification constitutionnelle et de refondation est souvent plus urgent qu’une élection classique. Car élire un président sans garantir au préalable un minimum de cohésion sociale, de sécurité et de consensus, c’est courir le risque d’aggraver encore la fracture nationale.

Depuis 1991, le Mali peine à trouver son équilibre. Le coup d’État contre le président ATT en 2012 a accentué les fragilités. Il était clair pour beaucoup d’observateurs avertis que la suite ne promettait ni paix durable ni développement immédiat sans un effort de refondation profond et sincère. Les tentatives de déstabilisation du régime du président IBK par certains de ses anciens collaborateurs politiques, de la société civile, religieux, du gouvernement avaient échouées des vendredis, durant cette période comme pour dire que leur entreprise n’était pas une bonne chose pour notre pays. Et, aujourd’hui ce sont ceux-ci qui sont vent debout pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel immédiat.

Aujourd’hui, une question essentielle se pose

Si des élections étaient organisées rapidement, quel candidat au sein des partis politiques pourrait réellement rassembler ?
Et surtout, serait-il accepté par toutes les composantes de la société malienne dans l’état actuel des choses ?
Car le risque n’est pas seulement d’élire, mais de voir une partie importante du peuple contester, rejeter ou ne pas reconnaître les résultats, enfonçant encore davantage le pays dans l’instabilité.

Que faire pour la paix, la cohésion sociale et la stabilité ?

Nous pouvons proposer ensemble de poursuivre la Transition jusqu’à maturité.
Cette transition est une opportunité historique. Elle doit être accompagnée jusqu’à son aboutissement, en construisant les bases d’un ordre constitutionnel fort, stable et durable. Cela nécessite patience, pédagogie, inclusion et rigueur. Bâtir un consensus national sincère car pas de sortie durable de crise sans dialogue véritable entre tous les acteurs : politiques, société civile, religieux, forces de défense et de sécurité, jeunes, femmes, diaspora. Il faut non pas imposer des décisions mais co-construire des solutions adaptées au contexte malien. Il faut former un nouveau type de citoyen.

Le Mali a besoin aujourd’hui d’une transition réussie dans un dialogue sincère entre tous, un nouveau citoyen formé, engagé, responsable, des leaders politiques qui placent l’intérêt national avant tout, une refondation profonde pour la jeunesse et les générations futures. Et, accompagner cette transition, sans précipitation ni manipulation, est un devoir patriotique.

Le Mali a besoin d’un citoyen éclairé, responsable, exigeant mais aussi engagé pour la nation au-dessus des intérêts personnels ou communautaires. Le nouveau Mali se construira avec des citoyens qui refusent la manipulation, qui acceptent les différences et qui aspirent à un vivre-ensemble renouvelé. Il faut redéfinir les priorités. La Sécurité intérieure, l’éducation de qualité, la justice indépendante, la gouvernance transparente, le développement rural… C’est autour de ces axes que devra se bâtir la nouvelle trajectoire du Mali.

Avec qui construire cette nouvelle page ?

Des leaders politiques courageux et sincères, capables de privilégier l’intérêt national sur les calculs personnels.Des acteurs de la société civile vigilants mais constructifs, pour surveiller, accompagner et alerter sans tomber dans la haine ou la déstabilisation.
Des jeunes formés, conscients et engagés, qui ne soient ni manipulables ni fatalistes.Des partenaires internationaux respectueux, soutenant sans imposer. Des communicants légitimes sachant les défis et enjeux, loyaux et fidèles pour faire les opinions positivement à adhérer à cette vision.

Le Mali face à son destin

Le Mali est sans doute aujourd’hui l’un des cas les plus sensibles et complexes du continent africain. Mais c’est aussi une formidable opportunité qui est celle de refonder un pays sur des bases solides, authentiques et durables.Il faut accepter les décrets de Dieu. Il faut que les vaincus soient fair-play et accompagner les vainqueurs avec fidélité et loyauté si réellement et sincèrement, il s’agit du Mali. Et, peut-être demain , les vaincus malgré leur défaite seront parmi ceux qui vont profiter de la victoire des gouvernants du jour.

La paix, la cohésion sociale et la stabilité ne se décrètent pas. Elles se construisent, pas à pas, avec lucidité, humilité et courage. Accompagner intelligemment cette transition, au lieu de la précipiter, est un acte de responsabilité historique pour donner aux générations futures un Mali fier, fort et souverain.

Attention , attention !

Entre appels précipités aux élections et attentes populaires fortes, beaucoup ont oublié qu’une élection classique, sans cohésion préalable, risque d’aggraver la division.

Le Mali peut redevenir fort, mais seulement si nous écrivons ensemble, avec lucidité et courage, cette nouvelle page de son histoire.

La page blanche est devant nous. À nous de l’écrire avec sagesse.

Mamadou Madou’s CAMARA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *