Audit des équipements militaires : Ces contrats opaques qui ont alerté la justice
Les enquêtes en cours au Pôle économique et financier relatives à l’audit de la LOPM portent sur la régularité des contrats passés avec le ministère de la Défense et des Anciens combattants (Mdac). Une dizaine de contrats passés en 2015-2019 jugés opaques, a provoqué l’ire des plus hautes autorités de la transition pour déclencher cet audit.
Depuis la semaine dernière, le Pôle économique et financier, à travers sa Brigade économique et financière, a ouvert des enquêtes sur l’audit de la Loi de Programmation militaire (LOPM 2015-2019). Des enquêtes qui se poursuivront cette semaine. Cet audit est jugé nécessaire par les autorités de la transition au constat du rapport du Vérificateur général qui a relevé 1200 milliards de F CFA d’irrégularités financières dans la LOPM (2015-2019).
En plus, une série de marchés attribués à la défense, est le facteur déclencheur de cet audit inédit avec le défilé des opérateurs économiques attributaires de contrats, au Pôle économique et financier de Bamako, pour justifier les conditions d’acquisition de leurs marchés. Notre confrère le Sphinx, dans sa parution du vendredi 8 octobre 2021, a cité quelques-uns en donnant l’avant-goût de ce qui est considéré comme le plus grand scandale financier dans notre pays.
Des soupçons portent sur 11 marchés octroyés dans des conditions obscures, premier du genre pour qui sait que les matériels militaires sont couverts du sceau du secret. Les contrats en cause sont entre autres ;
– le marché n°004 MDAC/DFM-2018 attribué par entente directe à Ibrahima Karagnara, PDG de CIM, portant acquisition de 78 camions de transport et citerne : valeur 9,43 milliards de F CFA, surfacturation estimée à 3 milliards de nos francs ;
– le marché de 100 blindés en 2019-2020, accordé à une société dénommée Estreit appartenant à une compatriote. Les engins ont coûté à l’Etat malien 100 milliards de F CFA, soit 1 milliard par blindé. La surfacturation serait de 57,7 milliards de F CFA ;
– Plusieurs marchés (5 au total sur les 11 marchés jugés suspects) ont été attribués à l’opérateur économique Adama Traoré pour plus de 59 milliards de F CFA sur la période 2016-2020. Attribution du marché d’un avion de transport Casa 295 W à Airbus en juin-juillet 2020, pour 23,8 milliards de F CFA. La livraison serait en cours.
Les enquêteurs travaillent sur l’authenticité des contrats en disséquant certains documents demandés. Il s’agit entre autres, du droit d’enregistrement, des bons de livraison, des quitus fiscaux, des coûts d’acquisition et le montant de certains articles.
Ces enquêtes touchent plus de 100 contrats de plusieurs types. Il n’y a pas que les matériels et équipements militaires. Il y a aussi des hydrocarbures, des biens et services, de l’alimentation, etc.
Tous ces contrats signés avec le ministère de la Défense et des Anciens combattants appartiennent à une kyrielle de sociétés maliennes et étrangères. Ainsi des contrats portent le nom de sociétés dont les sièges se trouvent en France et dans d’autres pays européens et africains.
Abdrahamane Dicko
(Source Mali Tribune)