Cour d’assises spéciales : Une semaine de vérité pour Bakary Togola et coaccusés
Bakary Togola, Djiguiba dit Ampha Coulibaly, Soloba Mady Kéita, Seydou Coulibaly, Traoré, Tiassé Coulibaly, M’Piè Doumbia, Alou Dembélé, Mamadou Fomba, Dialla Moussa Dembélé, Bréhima Coulibaly et Mady Kéita seront à la barre des assises spéciales pour crimes économiques et financiers ce lundi 22 novembre. Ils sont accusés d’atteinte aux biens publics, complicité, faux et usage de faux. Des faits prévus et punis par les articles 106, 107, 24, 102, 103 et 104 du code pénal.
A cause de sa complexité et du nombre d’accusés, ce jugement durera toute la semaine, c’est-à-dire de lundi à vendredi. L’ancien président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam), Bakary Togola, sera jugé avec ses 11 coauteurs au cours d’un long procès de crimes économiques. Du point de vue organisationnel, l’organigramme de la Confédération comporte un conseil d’administration au niveau national, assisté d’un service administratif et financier d’un comité de surveillance et d’un coordinateur national. Outre Bakary Togola, son président à l’époque des faits, le conseil d’administration enregistrait ainsi la présence de Djiguiba dit Ampha Coulibaly qui en était le vice-président.
M’Piè Doumbia était le trésorier général ; Seydou Coulibaly, le délégué à l’approvisionnement avec Tiassé Coulibaly comme délégué à la formation, à l’information et à la sensibilisation. Le nommé Fadiala Coulibaly y assurait les fonctions de responsable administratif et financier pendant que Drissa Traoré présidait le comité de surveillance composé en outre de Djalamoussa et Alou tous Dembélé ainsi que Mamadou Fomba, comme membres de cet organe. Souko Mady Raymond Dansoko assurait la coordination.
La Confédération regroupe 4 fédérations régionales, à savoir celles de Sikasso-Bougouni, Koutiala-San, Fana-OHVN et Kita. Ces fédérations régionales sont respectivement dirigées par Drissa Traoré, Djiguiba dit Ampha Coulibaly, Seydou Coulibaly et Soloba Mady Kéita. Elles avaient comme trésoriers dans le même ordre d’énumération, Bréhima Coulibaly, Salif Traoré, Tiassé Coulibaly et feu Baïny Diakité. Avec le décès de ce dernier, Soloba Mady Kéita, le comptable de la fédération régionale de Kita a pris le relais.
Ces fédérations régionales reçoivent de la Confédération un budget annuel dont la clé de répartition est déterminée par le conseil d’administration. A leur tour, les fédérations utilisent ces fonds pour leur fonctionnement ainsi que pour des activités de formation dans leurs ressorts géographiques respectifs. Ainsi, de 2013 à 2019, la fédération régionale de Sikasso-Bougouni a reçu de la Confédération plus de 539 millions FCFA ; celle de Koutiala-San, plus de 500 millions F CFA ; celle de Fana-OHVN, plus de 576 millions FCFA et plus de 398 millions F CFA pour celle de Kita.
En effet, sous le couvert de l’anonymat, un citoyen a saisi le procureur de la République près du Tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako, chargé du Pôle économique et financier, d’une lettre dénonçant des malversations financières au sein de la Confédération des sociétés coopératives de producteurs de coton du Mali (C-SCPS).
Après analyse et exploitation de cette correspondance, le parquet a ordonné le 16 juillet 2019 la brigade économique et financière du Pôle a ouvrir une enquête préliminaire sur les faits dénoncés à l’effet de vérifier leur exactitude ainsi que les personnes qui seraient auteurs ou complices sur la période de 2013 à 2019.
Au cours des investigations entamées, les soupçons de prévarication ont fini par se confirmer avec la découverte d’un véritable désordre dans l’administration et surtout les comptes tant de la Confédération des sociétés coopératives de producteurs de coton du Mali (C-SCPS) que celles des fédérations régionales, notamment celles de Sikasso-Bougouni, Fana-OHVN et Kita.
Après un examen minutieux des pièces comptables et un rapprochement entre les fonds mis à la disposition et la réalité comptable de l’utilisation qui en a été faite par ces différentes structures, les enquêteurs du Pôle sont arrivés à la conclusion que ces sommes importantes bien que consommées demeurent non justifiées par lesdites structures.
Ainsi, pour un montant total de plus de 13 milliards, mis à la disposition de la Confédération par la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), seulement 8 854 760 823 F CFA ont pu être retracés dans les documents comptables de la Confédération, d’où un gap de plus de 4 milliards.
Sur les 8 854 760 823 F CFA, seuls plus de 3 milliards ont pu être sous-tendus par des pièces justificatives et du coup, plus de 4 milliards demeurent non justifiés. Le cumul de ces deux montants non justifiés au niveau de la Confédération fait la somme de plus de 9 milliards.
Bakary Togola et ses coauteurs vont s’expliquer le lundi 22 novembre 2021 devant les jurés de la Cour d’Assises pour la manifestation de la vérité.
A suivre !
Marie Dembélé
Aujourd’hui