8 mars 2023 – Assitan Monékata, gestionnaire d’entreprise, fille d’un militaire patriote devenue fermière par choix

La résilience d’une femme malienne et sahélienne « au terme de mon enfance vécue à travers le pays, j’ai acquis mon identité de malienne convaincue de l’unicité de son peuple multi séculaire, riche de la belle diversité humaine de son grand et beau pays. Mon cœur se remplit toujours d’affection et de beaux souvenirs à l’évocation de chaque région et de chaque communauté du Mali », Assitan Monékata.

Dans une semaine, le Mali à l’instar des autres pays du monde, va commémorer la journée internationale dédiée aux droits des femmes. Elle est célébrée le 8 mars chaque fois l’an révolu avec un thème national dans chaque pays parallèlement au thème choisi par le Système des Nations Unies. Cette journée du 8 mars commémorant l’obtention de droits fondamentaux pour la femme, marque également une pause pour réfléchir ensemble au rôle dévolu à la femme par sa communauté, aux droits à elle conférés mais aussi aux devoirs qui lui incombent ; afin de faire un état des lieux et de prendre les actions correctives nécessaires vers les objectifs à atteindre tous ensemble.

Le sens de cette journée dans le contexte actuel du pays, doit être mieux expliqué et perçu par tous, particulièrement par les femmes. Sa célébration devrait être renforcée bien au-delà du pagne et des festivités qui restent toutefois un moyen excellent pour mobiliser le plus grand nombre autour d’activités de réflexion dans les langues du pays sur des thèmes auxquels s’identifie la grande majorité, d’actions de conscientisation et de résolutions concrètes aux résultats mesurables, pour un bénéfice commun. La valeur de la femme au Mali n’a plus besoin d’être démontrée, il est clair que l’homme n’est pas l’ennemi de la femme, que nous avons simplement besoin de prendre ensemble conscience des changements qui se sont opérés au sein de notre société et de nous accorder sur la meilleure manière de minimiser les impacts néfastes de ces changements sur la femme et sur son rôle afin qu’elle s’épanouisse encore mieux et qu’elle recommence à véritablement jouer le rôle central qui lui revient dans la construction, le maintien et le développement de la communauté toute entière et de bénéficier ensuite des retombées positives de son implication consciente renouvelée. Le résultat final pour la société toute entière sera encore plus d’épanouissement pour les hommes et pour les enfants, tous deux au centre du bonheur de la femme malienne.

Pour contribuer à commémorer cette journée de la femme, notre rédaction est partie à la recherche d’une femme de référence  » une mine d’or » pour le Mali et le Sahel.

Cette femme s’appelle Assitan Monékata, âgée de 48 ans et mère de 3 enfants. Son défunt père et sa mère lui ont transmis l’amour du travail honnête, de la rigueur et de l’engagement sans faille pour la cause commune. Ces valeurs reçues au niveau de la Cellule familiale constituent constamment la boussole de Assitan Monékata qu’elle essaie d’inculquer à son tour, à ses enfants et à ses jeunes collaborateurs. « Mon père, paix à son âme, était un valeureux officier de l’armée malienne qui a tout donné à son pays jusqu’à sa disparition en Avril 2014. Jusqu’au bout il aura gardé foi en Allah pour sortir un jour son pays de l’ornière. Le Mali et l’Humain dans sa globalité ont constitué sa plus grande passion et motivé son engagement sans contrepartie. Ma mère Fatimata Drabo aujourd’hui à la retraite et recrutée comme agent d’exploitation des P&T en 1972, fut la première femme à atteindre le grade d’Administrateur des Postes et Télécommunications du Mali au terme de nombreuses années de divers concours et sessions de formation professionnelle en même temps qu’elle assumait avec courage et abnégation, ses responsabilités d’épouse et de mère de famille », a expliqué Assitan Monékata, Assi pour les intimes. Cette femme de principes provient donc d’une famille que nous savons gouvernée par la foi en Allah le Tout Miséricordieux et guidée par des valeurs de dignité, d’honnêteté, d’humilité, de bienveillance et de partage avec son prochain. Déjà en bas âge, Assitan a connu et vécu le Mali profond. Cela, grâce aux diverses affectations que son défunt père le Colonel Mady Monékata, a connues tout au long de sa carrière, « j’ai grandi à travers le Mali, de Nioro du Sahel à Kidal en passant par Sikasso, Ségou, Kati et Bamako. De cette enfance vécue dans la diversité géographique et culturelle, j’ai acquis mon identité de malienne convaincue de l’unicité de son peuple multi séculaire, riche de la belle diversité humaine de son grand et beau pays et au cœur toujours vibrant d’affection et de beaux souvenirs à l’évocation de chaque région et communauté du Mali », nous a t’elle raconté.

Que fait Assitan Monékata pour son pays ?

Mère de 3 filles, elle est une entrepreneure malienne de 48 ans spécialisée dans le marketing, la distribution et le management général d’entreprise, détentrice d’une maîtrise d’Anglais de l’école Normale Supérieure de Bamako obtenue en 1996 et d’un D.E.S.S de marketing, Distribution et Commerce International obtenu à SUP’ Management en 2002.
Assitan Monékata a toujours dû travailler sur fonds propres par faute d’une meilleure alternative. Ce qui selon elle-même explique d’ailleurs pourquoi elle a dû plusieurs fois retourner à la vie de salariée après avoir décidé de se lancer à son compte depuis 2008. Après plusieurs essais infructueux auprès des banques de la place « je me suis résolue à accepter l’idée que je ne devais compter que sur mon salaire d’employée pour poser les bases de mes activités d’entrepreneure. Je reste convaincue qu’en posant un pas après l’autre dans la dignité, la bonne organisation, la discipline et la rigueur dans le travail, nous finirons par y arriver par la grâce divine », a expliqué Mme Assitan Monékata.

Actuellement, en tant qu’entrepreneure, elle s’emploie à développer sur fonds propres, les activités de sa ferme dénommée “Sa’Hello Farm” située dans la commune rurale de Dio sur un terrain de 5 ha. Là-bas, elle fait de la pisciculture, de l’élevage de petits ruminants et de la volaille en plus du maraîchage écologique. L’objectif principal qu’Assitan vise à travers Sa’Hello Farm est de servir directement aux ménages en toutes saisons, des produits frais respectant des normes de santé et d’hygiène à un prix abordable via la vente en ligne principalement.
Avec son esprit d’entreprise citoyenne et afin de pouvoir jouer valablement son rôle dans la nouvelle posture du pays, en parallèle, Mme Monékata travaille activement au lancement de MAÏAⓇ, une pommade anti-moustique longue durée à base de beurre de karité, destinée à protéger les familles africaines des moustiques sans changer leurs habitudes. « Il s’agit d’un produit développé par la société MAÏA Africa spécialisée dans la production et la commercialisation de nouveaux moyens de prévention contre les maladies infectieuses transmises par les moustiques, en particulier contre le paludisme ».

Quelle doit être selon elle, la contribution de chaque femme dans la construction et le développement socio-économique rapide du Mali Koura?

« Je suis convaincue que le Mali d’aujourd’hui a besoin de tous ses fils et filles de tous les secteurs d’activité opérant aussi bien dans l’administration publique que dans le secteur privé. Bon nombre de valeureux fils et filles du pays issus des deux domaines sont inconnus du grand public, parce qu’ils/elles ont choisi de ne pas s’afficher dans une arène politique dont les règles de fonctionnement ont jusque là été assez troubles et hostiles à tout professionnel uniquement gouverné par le souci de se rendre utile à son pays et guidé par la rigueur, la discipline, la culture de l’excellence et du résultat. Je pense que ces maliens qui se sont parfois brillamment illustrés dans leurs missions respectives et ont porté haut la réputation de leur pays partout sur leur parcours à travers l’atteinte d’objectifs ambitieux au sein de secteurs et d’organismes pleins de défis divers, ont également beaucoup à apporter à la construction du Mali nouveau. Ils/elles pourraient assurément contribuer à asseoir une nouvelle culture professionnelle bâtie autour de la rigueur dans la gestion publique et de la bonne gouvernance qu’ils/elles ont appris à pratiquer au sein d’organisations où seul le mérite a pu leur permettre de survivre et de faire carrière ».

Faut-il forcément être à un poste officiel ou administratif pour être productif pour son pays ?

« Nous avons la conviction que dans la situation actuelle d’urgence en tout genre que connaît notre pays, il n’est pas nécessaire d’être à un poste administratif ou officiel pour contribuer chacun à sa façon, à la construction de l’édifice national. Pour ma part, l’entrepreneuriat privé, surtout dans le secteur de l’agro business, m’est toujours apparu comme une voie royale pouvant me permettre d’apporter ma contribution au mouvement général de mon pays vers une souveraineté alimentaire et économique » a t-elle conclu.

Pour rappel sur son itinéraire, avant d’être entrepreneure, Assitan Monékata a été enseignante, puis traductrice pour la compagnie minière Ashanti Goldfields, ensuite assistante de direction bilingue chez Asea Brown Boveri et Shell Mali SA. Battante et très ambitieuse, en Octobre 2001, elle a décidé de s’inscrire à SUP’Management qui venait d’ouvrir ses portes à Bamako, pour obtenir un D.E.S.S de Marketing, Distribution et Commerce International en cours du soir pendant qu’elle travaillait à Shell Mali SA comme assistante du directeur général. Avec son tout nouveau D.E.S.S et sa maîtrise d’Anglais, Mme Monékata a ensuite intégré la multinationale British American Tobacco comme Responsable Marketing et Distribution. « J’ai beaucoup appris et évolué au sein de cette compagnie pendant 6 années, occupant divers postes de responsabilités à travers l’Afrique de l’Ouest et du Centre », nous a t’elle raconté.
Forte de toutes ces compétences et de son dynamisme, en Mai 2009, elle a rejoint la société Orange Niger comme Responsable du département commercial Entreprise devenu 3 mois plus tard, Direction Commerciale Entreprise que  » j’ai eu l’opportunité de diriger et développer avec ma vaillante équipe jusqu’en 2011″, se souvient t-elle. Et c’est cette année même qu’elle a décidé de rentrer au Mali pour développer sa jeune agence de Marketing et de distribution, dénommée Octo sarl qui visait à aider les entreprises maliennes évoluant dans la grande distribution, à professionnaliser leurs équipes et développer leurs portefeuilles d’affaires. En 2013, elle intégrait l’ONG KickStart International spécialisée dans la fabrication et la promotion du petit matériel agricole au bénéfice des paysans à faible revenu. » En ma qualité de directrice du développement pour l’Afrique de l’Ouest, j’avais la charge de transformer l’activité de cette ONG d’un modèle dépendant uniquement des subventions, vers un modèle commercial auto-suffisant afin d’en pérenniser les résultats après l’arrêt des subventions », nous a t’elle expliqué. En janvier 2014, Assi a décidé de rejoindre le groupe Unilever en qualité de directrice pays pour le Mali et le Sénégal avec comme mission de relancer les produits et marques de la société. Après 3 années de riches expériences et de beaux succès au sein de cette multinationale, elle décidait de retourner encore une fois à l’entreprenariat en relançant les activités de son agence de distribution où elle a également développé un volet de consultance et d’interprétariat-traduction ; activités qui lui permettront de financer les opérations de distribution d’Octo sarl. En Novembre 2019, Assitan a de nouveau décidé d’accepter un emploi comme Directrice pays chez PEG Africa qui lançait ses opérations au Mali. Son tout dernier emploi fut celui de directrice générale chez Wave Mobile Money – une entreprise opérant dans les moyens de paiement digitaux – dont « j’ai eu le privilège de lancer les opérations au Mali en Août 2021 et que j’ai quittée en Juillet 2022 pour me consacrer désormais à l’entreprenariat privé », nous a évoqué Assi.

Nous pouvons conclure que Assitan Monékata est une femme entrepreneure et citoyenne. Elle est une référence culturelle et éducative. Elle est un digne produit de sa famille résolument et exclusivement tournée vers la construction de son pays. Des femmes comme elle, installées à leur propre compte, engagées et déterminées, doivent être dénichées, cooptées, protégées et mises en mission par l’Etat, pour servir uniquement les populations maliennes à travers leur savoir-faire et leur moralité. Ceci est la seule condition pour aller à un vrai changement de mentalité et d’attitude.

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