» Il ne peut pas y avoir deux présidents élus,…..Les Sénégalais sont inquiets du fait de l’histoire entre Mamadou Dia, ancien président du Conseil et Léopold Sedar Senghor, ancien président de la République » dixit Ibrahim Niang
Bassirou Diomaye FAYE, âgé de 44 ans a prêté serment , mardi 2 avril 2024. Depuis donc ce mardi , il est le président de la République du Sénégal. Il succède dans cette fonction à Macky Sall. Notre rédaction a profité de l’occasion pour solliciter une interview avec un jeune acteur de la vie publique du Sénégal , Ibrahim Niang sur les priorités et les attentes de la jeunesse du Sénégal après 12 ans de gouvernance de Macky Sall.
Ibrahima Niang est titulaire d’un doctorat en sociologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal. Son enseignement porte sur la sociologie économique, la sociologie africaine, les études de genre et la géopolitique de la Chine en Afrique. Il a effectué de nombreux séjours en Chine et a participé à des recherches au sein du programme CODESRIA (Afrique-Chine) et à l’École d’Agriculture et de développement rural de l’Université populaire de Chine sous la direction de Wen Tiejun. Il est titulaire d’un certificat en développement économique de l’Académie chinoise des sciences sociales. Ibrahima Niang est l’auteur et co-auteur de nombreux articles et rapports scientifiques sur les questions de développement et de prospective, les libertés universitaires, la migration, les conflits, la gouvernance et l’épistémologie de la recherche, ainsi que les mouvements sociaux.
Il a été membre du Centre d’études africaines d’Édimbourg, au Royaume-Uni, et du Réseau de consolidation de la paix en Afrique (APN) du Conseil de recherche en sciences sociales (SSRC), chercheur postdoctoral à l’Institut Huma (Université du Cap).
Info360.info: Jeune, comme votre président de la République Bassirou Diomaye FAYE, investi dans ses nouvelles fonctions ce mardi 2 avril 2024, quels sont selon vous les principaux défis auxquels votre pays est confronté actuellement, et comment pensez-vous, que le Président Bassirou Diomaye Faye doit les aborder ?
Ibrahim Niang: Les défis auxquels le Sénégal est confronté, sont nombreux. Les ménages sénégalais ont été ces derniers temps frappés sévèrement par la hausse du coût de la vie en rapport avec les conséquences de la Covid 19 et la guerre en Ukraine, la cherté du loyer, le chômage des jeunes, le niveau d’endettement de l’État dépassant 76%, c’est á dire du niveau toléré au sein de l’UEMOA. Sans occulter la corruption au sein des élites administratives, les malversations financières, bref le président élu fera face à une batterie de difficultés pour ces premiers mois au sein de l’État. C’est à se demander même s’il pourra payer les salaires des fonctionnaires pour ce mois-ci au regard de la mauvaise gestion du régime qui sort.
Info360.info: Est-ce, la jeunesse une priorité du président Faye ?
Ibrahim Niang: Quand vous avez 75% de votre population composée de jeunes et qu’avec leur contribution vous avez été porte à la tête de la magistrature suprême, il est clair que la jeunesse sera une sur priorité dans vos engagements. Aujourd’hui le continent africain traverse une période charnière du point de vue démographique avec ce dividende démographique qui a servi dans d’autres parties du monde pour amorcer le développement réel, je pense que les nouvelles autorités sont conscientes de cette problématique et sauront trouver les réponses attendues.
Info360.info: Comment voyez-vous le rôle désormais de la jeunesse pour assurer au président Diomaye de leur accompagnement politique et social durant son premier mandat de rupture ?
Ibrahim Niang: C’est au président de savoir parler à cette jeunesse qui est prête et impatiente de voir les premières réalisations. Il faut définir des programmes pouvant permettre de mobiliser cette catégorie sociale dans les nouveaux chantiers du président Diomaye. Je pense que des secteurs comme l’agriculture, l’industrie, les services mobilisent énormément de jeunes qui ne demandent qu’à être soutenus financièrement et techniquement pour créer de la plus-value
Info360.info: Avez-vous une idée du degré de corruption et de mauvaise gouvernance dans votre pays?
Ibrahim Niang: Les derniers rapports de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption montrent à suffisance que la place occupée par le Sénégal n’est pas bonne en matière de lutte contre la corruption, même si le porte-parole du gouvernement dont le mandat finit demain affirmait le contraire. C’est à propos de ces points que les Sénégalais disent que le régime de Macky Sall n’a pas de bilan immatériel parce que le niveau de mal gouvernance est extrêmement élevé avec des rapports qui ont épinglé des ministres et directeurs de son parti, sans que des poursuites judiciaires ne soient déclenchées. En tout cas ce qui a été noté durant le règne de Macky Sall c’est l’impunité des membres de son parti et les condamnations pour les opposants.
Info360.info: Comment voyez-vous l’avenir politique de Ousmane SONKO, qui semble être le faiseur de Roi ( Diomaye)? Va t-il accepter de donner le leadership à Diomaye pour la gouvernance publique?
Ibrahim Niang : C’est le président Bassirou Diomaye Diakhere Faye qui a été élu par les Sénégalais, donc c’est lui que les institutions reconnaissent comme président du Sénégal. Il ne peut pas y avoir deux présidents élus, maintenant je pense qu’ils sont assez intelligents pour servir ensemble le Sénégal sans créer une dualité au sommet. Les Sénégalais sont inquiets du fait de l’histoire entre Mamadou Dia ancien président du Conseil et Léopold Sedar Senghor, ancien président de la République. Des divergences politiques entre les deux avaient amené une situation de crise au Sénégal en 1962. La question c’est quel rôle occupera Ousmane Sonko dans le nouveau dispositif qui sera mis en place après la prestation de serment du président Diomaye ? Il est clair c’est une forte personnalité, charismatique, imposante mais je pense qu’il a assez réfléchi sur ses responsabilités pour ne pas gêner et ne pas aussi croiser les bras, car c’est lui qui a fait élire Diomaye.
Info360.info : En Afrique, les jeunes rêvent de la souveraineté de leur pays, alors selon toi comment le président Diamoye doit faire pour rassurer les partenaires classiques du Sénégal, notamment la France, la CEDEAO, le Maroc, la Russie..
Ibrahim Niang : Le discours du président Diomaye a été assez clair concernant la communauté internationale, et aux partenaires bilatéraux et multilatéraux. Il a dit que le Sénégal tiendra toujours son rang. Il restera le pays ami et l’allié sûr et fiable pour tout partenaire qui s’engagera, avec nous, dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive. C’est-à-dire faire respecter les intérêts des Sénégalais d’abord dans toute forme de coopération. Concernant la Russie, je pense que Ousmane Sonko avait donne son avis sur les relations avec la Russie, qu’il ne s’agira pas de chasser une puissance pour faire entrer une autre puissance, que nous avons besoin des Russes mais pas seulement pour des périodes de guerre. Le président Diomaye demeure très attaché à l’avenir de la CEDEAO, c’est pourquoi sur le retrait du Sénégal de la monnaie commune, il préfère d’abord trouver une issue avec la monnaie Eco de la CEDEAO avant de penser à sortir du CFA.
Propos recueillis par Mamadou Camara