Tensions régionales et défense de la Patrie : L’abattage du drone des FAMa par l’Algérie ravive les tensions et renforce le sursaut national malien
Le 1er avril 2025, l’abattage d’un drone de l’Armée malienne par les forces algériennes a agi comme une détonation symbolique dans un ciel déjà chargé de tensions géopolitiques au Sahel. Ce geste, interprété comme une violation de la souveraineté du Mali, suscite une onde de choc dans l’opinion publique et alimente une montée palpable d’un sentiment anti-algérien dans tout le pays. Le Mali, en pleine recomposition politique et sécuritaire, y voit une provocation de plus.
Une mobilisation féminine d’ampleur en réponse
C’est dans ce climat de colère et de vigilance accrue que des centaines de femmes patriotes maliennes se sont réunies le 15 avril 2025 au CNDIFE (ancien Centre Aoua Keïta) à Bamako, pour exprimer leur solidarité indéfectible envers les Forces Armées Maliennes (FAMa) et dénoncer ce qu’elles qualifient d’agression directe. Ce rassemblement, historique par la diversité et la qualité des participantes, a marqué un tournant dans l’engagement citoyen face aux menaces extérieures.
Anciennes parlementaires, ministres, représentantes religieuses, leaders d’associations musulmanes, chrétiennes, de personnes handicapées… toutes unies dans une même déclaration : le Mali ne pliera pas face à l’adversité.
La souveraineté du Mali est sacrée
Dans une déclaration vibrante, lue en Bamanankan par Mme Maïga Sina Damba, et en français par Mme Doumbia Mama Kouyaté, les femmes du Mali ont tenu à rappeler le long combat de la nation pour son indépendance et sa dignité. Elles ont dénoncé l’hypocrisie de certaines puissances qui refusent d’accepter les choix souverains des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), préférant alimenter l’instabilité pour préserver leurs intérêts.
« L’Algérie a été ingrate envers le Mali. Nous avons été une arrière-base dans sa lutte pour la libération. Aujourd’hui, elle abat notre drone sur notre territoire ! », a dénoncé une intervenante.
L’unité nationale, un rempart contre l’agression
Dans un climat où le sentiment anti-algérien se développe, les leaders féminines ont appelé à l’unité nationale et à un appui massif aux FAMa. Pour elles, ce n’est pas seulement un drone qui a été visé, mais tout un symbole de souveraineté et de résilience. « Cet acte ne peut rester impuni. Notre souveraineté est entre nos mains », a martelé Mme Maïga Sina Damba, figure politique et militante du REFAMP Mali.
La multiplication des témoignages de mères de soldats et de femmes engagées dans la vie publique a donné à cette journée une profondeur humaine poignante, renforçant l’idée que la paix ne peut être obtenue sans une mobilisation de tous les segments de la société.
L’Algérie, nouveau point de fracture ?
La réaction du public malien face à cet incident met en lumière une fracture qui s’élargit dans les relations historiques entre les deux nations. Le Mali, qui a longtemps entretenu des relations diplomatiques étroites avec son voisin du Nord, voit désormais ce lien fragilisé par une perception de trahison et de mépris.
« L’Algérie n’est pas reconnaissante », ont scandé plusieurs voix lors du meeting, rappelant l’engagement du Mali dans les luttes anticoloniales de la région.
Pour de nombreux observateurs, cette crispation est également nourrie par le positionnement ambigu de l’Algérie face aux récentes transitions dans les pays de l’AES, et son retour avec la France après la visite recente et les déclarations sur la sécurité au Sahel de son chef de la diplomatie Barrot ,qu’elle semble considérer avec distance, sinon défiance.
Quelle issue pour la diplomatie régionale ?
L’incident du drone a non seulement réveillé une mémoire historique douloureuse, mais aussi ravivé les débats sur la souveraineté, la défense, et la coopération régionale. Si la réponse malienne reste pour l’instant mesurée, la pression de la rue exige une stratégie plus ferme et claire.
Des appels à la diplomatie existent, mais ils peinent à s’imposer dans un contexte marqué par la méfiance et la recherche d’affirmation nationale. Pourtant, au-delà de la colère légitime, plusieurs voix appellent à ne pas rompre définitivement les liens entre les peuples.
Un réveil patriotique et une perspective d’espoir
Ce moment critique agit comme un catalyseur d’unité nationale. L’abattage du drone malien, bien que grave, renforce paradoxalement la cohésion autour des institutions de la transition et l’armée, perçue comme un pilier essentiel de la nouvelle souveraineté malienne.
Le meeting du 15 avril restera dans les annales comme un acte de résistance symbolique : celui de femmes debout, prêtes à faire front, et décidées à construire un avenir de paix, sans compromission.
Le Mali, dans sa quête d’équilibre entre fermeté et diplomatie, devra naviguer habilement dans ces eaux troublées. Une chose est sûre : le peuple malien, dans sa diversité et son courage, est prêt à écrire une nouvelle page de son histoire.
« Ensemble nous pouvons, ensemble nous réussirons », a conclu Mme Maïga Sina Damba, résumant en une phrase l’état d’esprit qui anime désormais une partie grandissante du pays.
Mamadou CAMARA, Madou’s
Info360.info