CMDT : À un mois des semis, qui pour sauver la campagne cotonnière 2025-2026 ? Urgence de nommer un administrateur visionnaire pour sauver le cœur battant de l’économie malienne
Le 8 mai 2025, l’abrogation surprise du décret n°2024-0444/PT-RM du 26 juillet 2024, mettant fin au mandat de Mamadou Moustapha Diarra à la tête de la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT), a semé le doute et l’inquiétude dans les milieux agricoles et économiques maliens.
Ce départ, intervenu à un mois des premiers semis, survient à un moment critique où la campagne agricole est déjà lourdement compromise.
À la date du 10 mai 2025, selon nos sources proches des producteurs et des opérateurs privés, la mise en place des engrais est loin d’être à hauteur de souhait, alors qu’elle devrait être bouclée. À cela s’ajoute une situation financière tendue, les cotonculteurs vivent dans la résilience de leurs dus pour la campagne écoulée, et certains fournisseurs accusent jusqu’à trois campagnes d’impayés (2022 à 2024). Les appels d’offres relatifs aux produits phytosanitaires sont certes lancés, mais les contrats ne sont toujours pas signés. Selon un observateur averti, l’importation de ces produits prendrait un minimum de 120 jours, ce qui reporte leur arrivée aux environs d’août 2025, bien après le pic des besoins.
Le stock résiduel d’anti-jassides, quant à lui, constituerait une quantité manifestement insuffisante pour répondre aux exigences de la campagne 2025-2026. Si rien n’est fait rapidement, l’objectif de 650 000 tonnes de coton-graine pour la campagne à venir risque d’être irréalisable.
La CMDT , la colonne vertébrale économique et sociale
Le coton est le second levier économique du Mali après l’or. La CMDT, pilier de cette filière, soutient la vie de millions de Maliens à savoir principalement, les producteurs, ouvriers, transporteurs, fournisseurs, prestataires logistiques. Tout retard ou désorganisation affecte directement la stabilité sociale et les équilibres macroéconomiques du pays.
Qui pour redresser la situation?
Face à cette conjoncture, le Mali a besoin d’un administrateur interne d’urgence, enraciné dans les réalités paysannes et ayant une connaissance fine du système CMDT. Il doit pouvoir mobiliser rapidement la chaîne de confiance producteurs, coopératives, transporteurs, fournisseurs, partenaires financiers et techniques pour éviter le naufrage de la campagne.Ses missions prioritaires seront de régler les arriérés de paiement pour restaurer la confiance, sécuriser les stocks d’engrais, d’insecticides et d’anti-jassides , réorganiser la chaîne logistique en collaboration avec les transporteurs , travailler étroitement avec l’APCAM, les coopératives et les partenaires du PR-PICA, lancer les premières actions du partenariat Becker Infra, mettre en place une communication de crise claire et rassurante , évaluer les risques climatiques liés aux inondations annoncées. Il s’agit d’un choix stratégique, à même d’impacter la sécurité alimentaire, les revenus agricoles, l’emploi rural, la balance commerciale et la stabilité du monde paysan.
Sauver la CMDT, c’est sauver la filière coton. Et sauver le coton, c’est préserver une partie de l’âme économique du Mali.
Par Madou’s CAMARA – info360.info