Dossier Amitié Mali-Maroc : L’AEVM, le caillou malien dans la chaussure marocaine
S’il y a aujourd’hui une urgence dans le cadre de l’amitié entre le Mali et le Maroc , et qui contribue à renforcer les relations de Coopération entre nos deux pays, c’est bien la demande d’allégement de l’Autorisation Électronique de Voyager au Maroc – AEVM. La fameuse autorisation que tout ressortissant malien doit avoir pour pouvoir entrer sur le territoire marocain.
La principale demande qui préoccupe les populations maliennes s’inscrit dans le domaine de la santé. Sur ce plan, beaucoup de maliens voyagent où sont évacués sur le Maroc pour raison de santé. Les hôpitaux au Maroc disposent de plateaux techniques de dernières générations et d’éminents médecins très professionnels et spécialisés notamment dans la cardiologie. Aussi, le coût de la prise en charge est moins cher . Un grand nombre de patients maliens sont régulièrement évacués ou suivent des contrôles de routine dans les hôpitaux chérifiens du Mali.
Avec l’instauration par le Maroc de cette fameuse AEVM pour raison de la pandémie COVID-19, ces grands malades du Mali ne savent plus à quel saint se vouer s’il n’est de trouver par défaut d’autres nouvelles destinations , le Sénégal, la Tunisie , la France. Pour éviter que les populations maliennes ne souffrent plus de l’établissement d’un quelconque titre d’autorisation de voyager au Maroc et principalement pour raison de santé, la rédaction d’Info360.info s’est intéressée avec intérêt public, à la problématique de la santé au Mali.
Nos enquêtes auprès des acteurs et experts du milieu sanitaire, nous ont permis de savoir que pour mener à bien sa politique de santé, la République du Mali a ratifié plusieurs politiques universelles de santé. Entre autres celles de : la Santé pour Tous (1977), la Stratégie des Soins de Santé primaires (Alma-Ata 1978), le Scénario du Développement en 3 phases (Lusaka 1985), l’Initiative de Bamako (Bamako, 1987) et la Santé pour Tous au xxie siècle (Genève 1998). Toutes ces conventions ont abouti à la libération des secteurs médical et pharmaceutique pour permettre l’exercice privé dans les années 1980.
Après les années 1990, le Mali, sur le plan national, a pris plusieurs mesures pour mieux assoir sa politique sanitaire, ainsi différents plans décennaux de développement sanitaire et social (PDDSS) ont vu le jour. On dénombre plusieurs structures de santé qui offrent des soins : les structures sanitaires publiques, les structures sanitaires privées à but non lucratif et lucratif, les structures de soins du secteur parapublic et les radiothérapeutes. Existent également des Structures sanitaires publiques, parmi lesquelles nous pouvons compter les centres de santé communautaires (CSCOM) qui sont plus proches des populations, les Centres de santé de référence(CSREF), les hôpitaux régionaux et les établissements publics hospitaliers de 3e référence.
L’organisation de ces structures est pyramidale : à la base se trouvent les districts sanitaires, au nombre de 58. C’est dans le cadre de la politique sectorielle que les districts sanitaires ont été découpés en des aires de santé qui regroupent au minimum 5 000 habitants. Après découpage, 1 044 aires de santé ont été recensées et parmi ces aires de santé seulement 559 disposent à ce jour de CSCOM. Le CSCOM est par ailleurs le lieu de contact dans chaque aire car plus proche des populations.
Un peu plus au-dessus se trouvent les CSREF, chaque district sanitaire en dispose un. Il y a 58 CSREF ayant pour particularité d’avoir un personnel plus qualifié et dynamique pour les soins et pour les cas spécialement transmis par les CSCOM pour manque de matériels de soins où autres problèmes. Au-dessus des CSREF, on a les hôpitaux régionaux qui sont dans les différents chef lieux de régions, on en compte 7. Les hôpitaux régionaux procurent des soins et reçoivent les malades pour les cas d’urgence référés par les CSREF. Au sommet de la pyramide sanitaire, il y a les établissements publics hospitaliers de 3e référence nommément appelés hôpitaux nationaux qui ne sont pas assez nombreux, ce sont1 : l’hôpital CHU du point G, l’hôpital CHU du Gabriel Touré et l’hôpital CHU de Kati, et les établissements spécialisés (Centre national d’Odontostomatologie, Institut d’ophtalmologie tropicale de l’Afrique, Centre national de Transfusion sanguine, l’Institut national de Recherche en Santé publique, etc.
Comme nous le constatons, en plus de ces structures, les autorités maliennes ne ménagent pas leurs efforts en ce qui concerne le développement du système de santé. C’est ainsi que par le biais de la coopération sino-malienne un nouveau centre hospitalier dénommé le CHU Hôpital du Mali a été inauguré en septembre 2010 à Bamako dans le quartier de Missabougou. Cet hôpital s’ajoute aux hôpitaux de 3e référence2. Et de celui de Mopti, qui est une réalisation du PADSS de Mopti. Inauguré en mars 2014, portant le nom d’hôpital Sominé Dolo de Mopti, d’une capacité de 122 lits, il est dit hôpital de 2e référence qui a été réhabilité de plus belle. Grâce à des coopérations de l’Agence Française de Développement (AFD) et de la Coopération Technique Belge (CTB)3.
Structures de santé privées.
Les Structures privées de santé au Mali
Elles sont devenues une composante clé du système de santé. On en distingue deux types : le secteur privé à but lucratif et non lucratif . Le secteur privé à but lucratif existe comme une entreprise individuelle ou de groupement. Bien qu’en étant privées, elles tissent un lien avec l’État à travers les ordres professionnels de la santé entre autres les médecins, les sages-femmes et les pharmaciens. Ainsi on a des établissements médicaux et paramédicaux, ce sont les cliniques privées et les cabinets de consultations et de soins. Il existe également des établissements pharmaceutiques qui opèrent dans le privé : les officines de pharmacie et dépôts privés de médicaments, des établissements d’importation et de ventes en gros des produits pharmaceutiques, des établissements de fabrication de produits pharmaceutiques, des laboratoires d’analyses.
Le secteur privé à but non lucratif
Le secteur privé à but non lucratif existe grâce à des associations, fondations ou des congrégations religieuses et aux ONG nationales et internationales qui offrent leur service dans ce cadre. Entre ces associations, nous pouvons citer les ASACO (Association de Santé Communautaire)4.
Secteurs parapublics
Ce secteur regroupe entre autres, les infirmeries et maternités des forces armées et de sécurité, les centres médicaux inter-entreprises de l’Institut National de Prévoyance Sociale (INPS) et le réseau de distribution de la pharmacie populaire du Mali.
La médecine traditionnelle
Sollicitée par les plus démunis, la médecine traditionnelle n’est pas en reste dans la production des soins, pour permettre une meilleure vulgarisation de cette branche de la santé, l’État a pris un certain nombre de mesures. L’autorisation de l’ouverture des cabinets privés de consultations et des soins traditionnels, d’herboristeries et d’unité de production de médicaments traditionnels améliorés. Plusieurs départements ont été créés pour mieux valoriser cette forme de soins qui est souvent reléguée au second plan. Le Mali traversant une crise multidimensionnelle depuis 2012 est aujourd’hui limitée dans sa relation de coopération avec le Maroc à cause de cette fameuse AEVM.
Et pourtant, les échanges entre nos deux pays ont constamment portés sur le renforcement de l’axe Bamako-Rabat et la situation au Mali. Et, mieux encore le patron de la diplomatie malienne, Abdoulaye DIOP vient d’achever une visite officielle à Rabat du 10 au 15 octobre 2021. A t-il pu évoquer cette problématique urgente des populations maliennes face à la partie marocaine ? Selon nos informations du temps de l’ancien régime malien, l’Ambassadeur du Maroc au Mali Assane Naciri avait été convoqué aux Ministères des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale sur la question.
Où est donc le sens de la coopération et du voisinage entre le Mali et le Maroc, avec l’imposition unilatérale de la partie marocaine de l’Autorisation Électronique de Voyager au Maroc – AEVM-?
Pour le moment les candidats maliens aux voyages en destination du Maroc sont très mécontents dans la difficulté d’acquisition de ce désormais sésame.
La Rédaction