Conférence débat commémorative pour le 8 mars 2024, Journée internationale des droits des femmes: Des Voix Féminines s’engagent et s’élèvent contre l’injustice de la Corruption au Mali
Dans un engagement sans précédent, des voix féminines s’engagent et se lèvent à se faire entendre dans la lutte contre l’injustice liée à la corruption au Mali depuis des décennies. C’était à l’occasion de la conférence débat organisée par l’OCLEI en partenariat avec le projet ENAP-LUCEG et ses organisations de la société civile partenaires et en marge de la commémoration de la journée internationale des droits des femmes édition 2024. La cérémonie a eu lieu dans la matinée du 9 mars 2024 à Maeva Palace, Hamdallaye ACI 2000, en présence de grandes personnalités dont la Directrice du Projet ENAP-LUCEG Canada Seynabou Top, du Directeur Pays du Projet ENAP-LUCEG Jean Paul Riverin, de Dr Djibril Kané représentant du président de l’OCLEI, de Mme Bello Rokiatou Touré Point focal Genre de l’OCLEI des membres du Conseil de l’OCLEI,des Représentants du ministère de la Promotion de la Femme, de la protection de l’enfant et de la Famille, du CNT, du Bureau du mediateur de la République.
Le thème mondial pour cette année, est » Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme « . Au Mali, le thème retenu est » Représentativité des femmes à la vie publique et politique : enjeux , défis et personnalités « . Et, le thème retenu pour la conférence débat organisée par l’OCLEI, est « La lutte contre la corruption, les voix féminines contre l’injustice ».
L’objectif de la conférence débat vise à réaliser les actions de communication et de plaidoyer auprès des autorités publiques pour une meilleure prise en compte des impacts différenciés de la corruption sur les femmes, les filles et les personnes à besoins spécifiques dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la justice. La journée a été marquée par un panel, et la remise d’attestation aux participants. La conférence a mobilisé une centaine de personnes et la participation des différents ministères concernés, des partis politiques, des organisations de la société civile, des organisations féminines, les organisations des personnes en situation d’handicap, les élus locaux, les autorités administratives et les légitimités traditionnelles et religieuses.
Le contexte de la conférence est que, le monde d’aujourd’hui est confronté à certains de ses plus grands défis depuis de nombreuses générations. Ces défis menacent la prospérité et la stabilité des populations du monde entier. Le fléau de la corruption est étroitement lié à la plupart d’entre eux.
C’est pourquoi dans son allocution d’ouverture, Dr Djibril Kané, représentant du président de l’OCLEI a déclaré que » la célébration de l’édition 2024 se passe dans un contexte où les plus autorités du pays sont engagées à mettre un terme aux différentes crises qui sévissent dans notre pays avec la mise en œuvre des recommandations des Assises Nationales de la Refondation de l’Etat ».
En continuant dans son mot , il a indiqué qu’il faut toutefois relever qu’en dépit des nombreux efforts que consent l’Etat pour plus d’équité entre le genres, notamment la loi N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives entre autres, la situation de la Malienne se caractérise par des inégalités entre les genres en raison du faible impact des réformes de la gouvernance politique du pays sur la population et l’enracinement du phénomène de la corruption. En conséquence dira-t-il , la femme se trouve confinée dans des postes non stratégiques avec une faible responsabilité dans les institutions publiques comme privées et dans les postes de prises de décisions. Selon Dr Kané, il est regrettable de constater que les efforts de lutte contre la corruption ne tiennent pas toujours compte de l’impact de ce fléau sur la femme, la jeune fille et les groupes vulnérables.
Pour corriger cette injustice ,les efforts doivent être faits sur le renforcement du pouvoir des femmes et des filles face aux pratiques corruptives et discriminatoires, les activités de plaidoyer et de sensibilisation dans le but d’interpeller et de sensibiliser. Il a souligné que des efforts conséquents doivent porter sur le plaidoyer en faveur d’une participation plus accrues des femmes aux prises de décisions au niveau des instances publiques et privées afin de sensibiliser la population et les acteurs de la lutte contre la corruption sur l’importance du lien entre corruption et l’enrichissement illicite.
Quant à Mme Bello Rokiatou Touré, point focal Genre de l’OCLEI des membres du Conseil de l’OCLEI, lors de son allocution, a rendu d’abord un vibrant à hommage aux grandes dames féministes du Mali, qui , selon elle-même ont inspiré la génération actuelle de femmes engagées pour leur émancipation et leur autonomisation. Elle a cité à cet effet , notamment, Mme Sissoko Sira Diop, Mme Fatoumata Siré Diakité pour ne citer que celles-ci. « Engageons nous à soutenir et à amplifier la voix des femmes qui luttent contre la corruption, » a évoqué Mme Bello Rokiatou Touré.
A la faveur donc de cette rencontre , et lors du panel de haut niveau animé par des experts locaux, les femmes ont mis en lumière les effets dévastateurs de la corruption sur l’éducation, la santé et l’accès à l’emploi pour les femmes. D’après elles, ces effets, aggravent les inégalités déjà présentes. Des figures emblématiques comme les représentantes du CNT, du Bureau du médiateur de la République, ont pris la parole pour encourager la mobilisation collective contre la corruption. Ces voix puissantes soulignent l’importance de créer un environnement propice à l’équité et à la justice, mettant ainsi en avant le rôle crucial des femmes dans la lutte contre la corruption.
C’est à l’issue donc du panel, que des femmes influentes issues de divers milieux venues du District de Bamako, ont dénoncé les pratiques corrompues qui font quotidien dans notre société. Cette prise de position marque un tournant significatif, incitant les autorités à prendre des mesures plus fermes pour éradiquer la corruption et promouvoir une société plus équitable.
Il faut rappeler que la corruption a des impacts négatifs sur tous les aspects de la société et est profondément liée aux conflits et à l’instabilité qui compromettent le développement social et économique et sapent les institutions démocratiques et l’état de droit. Elle alimente les conflits et entrave les processus de paix en aggravant la pauvreté, en facilitant l’utilisation illicite des ressources et en assurant le financement des conflits armés. Au Mali, l’Office central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI) a été créé par l’ordonnance n°2015-032/PRM du 23 septembre 2015. C’est un outil d’amélioration de la gouvernance publique mis en place par l’État malien d’une part, pour accélérer l’atteinte de ses objectifs de transparence et de bonne gouvernance des ressources publiques et, d’autres part, pour mettre en œuvre les obligations qui lui incombent en vertu des instruments communautaires, régionaux et internationaux de lutte contre la corruption et les infractions assimilées.
A l’issue de cette conférence, les femmes se sont engagées à mieux sensibiliser les populations sur l’importance de leur l’implication et celle des jeunes filles dans la lutte contre la corruption. Elles se sont dites engagées pour la promotion du leadership féministe afin de leur participation effective aux débats publics. Nous espérons qu’avec cet engagement, que les questions relatives à l’égalité des genres et à la corruption seront prises en compte dans la planification locale et dans les politiques publiques nationales à l’issue d’un processus inclusif intégrant les femmes, les jeunes et les personnes à besoins spécifiques.
Mamadou Madou’s Camara