Issa, le porteur d’eau de l’espoir : Un jeune au service des déplacées de Faladjè Galbal
Bamako , le 10 mars 2024, sous un soleil brûlant aux environs de 11h, un sol poussiéreux , parfois boueux , des tas d’ordures par-ci et par-là, une odeur nauséabonde et un pousse-pousse chargé d’eau.
Dans cette routine quotidienne, Issa venu de son village est une figure incontournable du site de déplacés internes de Faladjè Galbal, où il apporte bien plus que de l’eau potable : il incarne la résilience, l’espoir et la solidarité.
À moins de 20 ans, Issa est revendeur d’eau. Il achète chaque matin huit bidons de 25 litres à la fontaine publique, à 10 FCFA l’unité, et parcourt 1,5 km avec son pousse-pousse pour les revendre à 50 FCFA sur le site des déplacés. Avec 17 livraisons par jour, il transporte ainsi jusqu’à 3 400 litres d’eau potable, un besoin vital pour des centaines de femmes et d’enfants.
L’eau, un enjeu crucial pour les déplacées de Faladjè Galbal
Le site de Faladjè Galbal accueille des femmes et des familles ayant fui les violences au nord et au centre du Mali. Ces femmes, célibataires, enceintes, allaitantes ou âgées, vivent dans une précarité extrême. L’accès à l’eau potable est l’un de leurs principaux défis.
Sans réseau d’eau courante, elles dépendent des fontaines publiques ou des revendeurs comme Issa. Mais la situation est loin d’être idéale car entre autres les longues files d’attente aux fontaines, le coût du transport de l’eau et la distance à parcourir compliquent leur quotidien.
« Sans Issa, ce serait un calvaire », confie Awa Diallo, une déplacée arrivée de Teninkou. « Il est ponctuel, il plaisante avec nous, et il nous épargne de lourdes charges. » rapporte Maouloud Dicko père de famille résident du site.
L’eau, un commerce de survie pour Issa
Avec une marge de 40 FCFA par bidon, Issa gagne en moyenne 5 440 FCFA par jour, soit environ 160 000 FCFA par mois. Un revenu modeste mais stable, qui lui permet non seulement de subvenir à ses besoins, mais aussi d’aider sa famille.
« C’est mon travail, et je l’aime. Je veux un jour me marier grâce à ce métier », dit-il avec un sourire éclatant. Son pousse-pousse est son seul capital, son atout pour bâtir son avenir.
Une solution économique, mais jusqu’à quand ?
Le cas d’Issa met en lumière l’urgence d’une politique d’accès à l’eau potable pour les déplacés internes. Ces familles, déjà fragilisées, dépensent une part importante de leurs faibles revenus pour acheter de l’eau. Une infrastructure adaptée permettrait de soulager cette pression financière et sanitaire.
En attendant, Issa continue son chemin, courageux et déterminé, au milieu des ruelles parées de restes d’aliments et du bétail de Faladjè Galbal. Chaque appel « Issa, Issa ! » est pour lui une reconnaissance, une motivation, une preuve que son travail change des vies.
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