Le Mali au rendez-vous des 20 ans de la Lutte Contre la Corruption : 86 % des jeunes du Mali sont favorables à la corruption, il faut s’unir et sensibiliser, la conscience collective contre le fléau
L’Office Centrale de la Lutte contre la Corruption en partenariat avec l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas à travers le Programme de Lutte contre l’Enrichissement illicite (LucCEI phase 2), le LUCEG et le PNUD a organisé ,le lancement officiel de la semaine nationale de lutte contre la corruption édition 2023 , dans la mi-matinée du 4 décembre 2023 dans un hôtel de la capitale sous la présidence du Ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des relations avec les institutions , Professeur Ibrahim Ikassa MAÏGA, en présence du Président de l’OCLEI, Dr Moumini GUINDO , et le représentant du ministère de la justice… « La Convention des Nations unies contre la corruption a 20 ans : unir le monde contre la corruption » est le thème retenu par les Nations unies pour l’édition 2023 de la journée internationale de lutte contre la corruption. Et, l’objectif visé est de sensibiliser le plus possible sur les conséquences néfastes de la corruption et faire connaître le rôle de la prévention dans la lutte contre le phénomène.
En ce qui concerne le Mali,
la lutte contre la corruption, est une préoccupation majeure des plus hautes autorités. Cette journée est observée chaque année, le 9 décembre, depuis l’adoption de la Convention des Nations Unies contre la corruption le 31 octobre 2003. Elle intervient en application de la résolution par laquelle l’Assemblée générale de l’ONU, a institué « la journée interactive de lutte contre la corruptions « .
C’est pourquoi le Mali au lieu de se limiter à une seule journée de sensibilisation a décidé, de mettre toute une semaine à profit pour mener des activités de sensibilisation, d’où la semaine nationale de lutte contre la corruption. Pour cette édition 2023, l’OCLEI a prévu une série d’activités au profit, spécifiquement, des journalistes, acteurs de la société civile et structures de contrôle sur des thématiques en rapport avec le thème central. La cérémonie officielle de lancement a mobilisé les représentants des institutions de la république ; les représentants des autorités administratives indépendantes ; le Directeur du Projet LUCEG ; les Représentants des Organisations de la société civile, les journalistes.
Selon les chiffres officiels avancés par le Président de l’OCLEI, Dr Moumini GUINDO, 86 % des jeunes au Mali sont favorables à la corruption, ce qui veut dire que la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite à du chemin à faire encore au Mali , et loin d’être gagnée.
C’est pour cela que profitant de cette alerte, le Ministre Ikassa Maiga dans son allocution de lancement a rappelé que le Président de la Transition, Chef de l’Etat, Colonel Assimi GOÏTA, a clairement exprimé son engagement résolu à lutter contre la corruption sous toutes ses formes, pour une gouvernance économique et financière exemplaire et vertueuse. » Le Mali depuis des decennies à souffert de la mauvaise gestion de ses ressources publiques. Il faut une culture de conscience collective et citoyenne face aux biens public à satisfaire à l’émergence de notre pays…. « , a-t-il expliqué.
Le Ministre MAÏGA, a évoqué également que
le processus engagé pour la refondation de notre État est irréversible. « Un des piliers de cette refondation est assurément la moralisation de l’action publique. De même, la culture d’une conscience collective et citoyenne face aux biens publics est l’une des conditions sine qua non à satisfaire pour l’émergence de notre pays qui a tant souffert des conséquences de la mauvaise gestion des ressources publiques, » a-t-il souligné. Toujours dans son allocution , le Ministre Ibrahim Ikassa MAÏGA a salué l’OCLEI pour sa forte implication dans l’élaboration de la stratégie nationale de lutte contre la corruption et de son plan d’actions, mais également dans la création de l’Agence de Recouvrement et de Gestion des Avoirs saisis ou criminels. Selon lui-même, ce sont là deux outils importants pour faire échec à la corruption et l’enrichissement illicite dans notre pays. « Leur adoption démontre tout l’intérêt que les plus Hautes Autorités attachent à la lutte contre la corruption dans notre pays, »a-t-il déclaré.
La corruption a des impacts négatifs sur tous les aspects de la société. Elle compromet le développement social et économique et sape les institutions démocratiques et l’Etat de droit. Elle est l’un des obstacles majeurs au développement de notre pays. Le Président de l’OCLEI, Dr Moumini GUINDO, dans son mot de bienvenue a rappelé que selon une étude faite en 2016 par le projet JUPREC, qu’il est regrettable de constater que 65% des jeunes maliens expriment une attitude passive face à la corruption et 21% sont admiratifs du phénomène, soit un cumul de 86% de nos jeunes compatriotes en besoin d’être sensibilisés sur la gravité de la corruption et l’enrichissement illicite.La Banque africaine de Développement (BAD) rapporte que la corruption cause, à elle seule, une perte annuelle estimée à 148 milliards de dollars, soit 25% du PIB de l’Afrique. L’ONUDC ajoute que chaque année, 1 000 milliards de dollars sont versés comme pots de vin ; tandis que quelque 2 600 milliards de dollars, soit plus de 5 % du PIB mondial, sont détournés. »La corruption ne saurait être le problème du seul Gouvernement. Fonctionnaires à quelque niveau et qualité que vous soyez, Elus, Organisations de la société civile, Journalistes, Universitaires-Chercheurs, Hommes, Femmes, Jeunes et Vieux, tous, nous sommes des Ambassadeurs de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Chacun, pris dans son domaine ou secteur d’activité, a un rôle essentiel à jouer dans la prévention, la sensibilisation et l’éducation des populations pour un changement de comportement.La coopération et l’implication de chaque personne et Institution est nécessaire pour atteindre cet objectif d’« Unir le monde contre la corruption, »a-t-il déclaré .
Dr Moumini GUINDO, a profité de l’occasion pour remercier leurs partenaires, au nombre desquels le Ministère en charge de la refondation, de la justice et le projet canadien LUCEG (Lutte contre la Corruption pour et par l’Egalité du Genre).
Pour rappel l’Office central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI) est chargé de mettre en œuvre l’ensemble des mesures de prévention, de contrôle et de lutte envisagées au plan national, sous régional, régional et international pour une lutte efficace et coordonnée contre l’enrichissement illicite. A ce titre, l’OCLEI assure une coopération efficace et la concertation des autorités nationales, directement ou indirectement concernées par la lutte contre l’enrichissement illicite. Il anime et coordonne, en tant que de besoin, aux niveaux national et international, les moyens d’investigations dont disposent les administrations ou services pour la recherche des infractions induisant des obligations de déclaration.
Aussi, l’OCLEI propose toutes réformes nécessaires au renforcement de l’efficacité de la lutte contre l’enrichissement illicite au Mali.
La matinée de lancement a été marquée par une conférence débat animée par M.Djibril KANÉ ,Magistrat, membre du Conseil de l’OCLEI sur le thème de la Convention des Nations Unies contre la corruption : 20 ans après, état d’application et perspective au Mali.
La lutte contre la corruption est irréversible. Contre la corruption, la communauté internationale est mobilisée avec la même ardeur que contre les plus grandes pandémies comme la poliomyélite, le paludisme ou la COVID-19. Corrompus et corrupteurs doivent être conscients de l’ampleur de cette mobilisation, avec l’ONUDC au centre à l’image de l’OMS pour les pandémies de santé publique. Les jeunes du Mali doivent travailler pour la lutte contre la corruption. Cette lutte anti-corruption engage toutes les parties, notamment les gouvernements, les entreprises et la société civile, en mettant l’accent sur les femmes en plus des jeunes.
Unissons nous contre la corruption, un fléau de de stabilisation générale dans une nation.
Madou’s CAMARA info360.info