Inondations au Mali : Quand l’hivernage expose les failles de l’urbanisation et l’incivisme des populations
L’hivernage au Mali, souvent attendu avec impatience par les agriculteurs, s’est transformé en une source d’angoisse pour de nombreuses familles dans plusieurs régions et localités du pays ces derniers jours.
Les inondations récurrentes, exacerbées par le manque d’urbanisation, la gestion déficiente des infrastructures et l’incivisme des populations, ont lourdement affecté des localités telles que Gao, Bla, Ségou et le District de Bamako. Alors que l’eau continue de monter, la résilience légendaire des Maliens est mise à l’épreuve, forçant chacun à faire face aux conséquences d’une gestion urbaine inadéquate.
Bien que les chiffres globaux officiels sur l’ampleur des dégâts ne soient pas encore disponibles, les témoignages sur le terrain peignent un tableau sombre et regrettables. Des enfants sur les toits des maisons essayant de se sauver, des maisons submergées, des routes impraticables, et des familles obligées de quitter précipitamment leurs domiciles sont autant d’images qui rappellent la fragilité de certaines zones face aux caprices du climat. Les autorités municipales , bien qu’en alerte chaque année, peinent à répondre à la prévention, à l’urgence, laissant la population livrée à elle-même.
Défaillances de l’urbanisation
L’absence de planification urbaine adéquate se manifeste particulièrement lors de ces épisodes pluvieux. Dans des villes en pleine expansion comme Bamako plus de 500 habitants au kilomètre carré, l’occupation anarchique des zones inondables et l’insuffisance des canaux de drainage exacerbent la situation. Chaque pluie abondante devient alors synonyme de catastrophe.
Incivisme des Populations
L’accumulation de déchets dans les rues, l’obstruction des caniveaux par des ordures, l’obstruction des voies publiques par les commerçants et les constructions illicites sont autant de pratiques qui aggravent les effets des inondations. Le manque de conscience collective quant à l’impact de ces actes sur l’environnement urbain rend la ville plus vulnérable.
L’intensification des pluies, probablement exacerbée par les effets du changement climatique, contribue à augmenter la fréquence et la sévérité des inondations dans le pays. Des précipitations intenses sur de courtes périodes provoquent rapidement le débordement des cours d’eau et l’inondation des zones habitées.
Conséquences des inondations
Même sans chiffres précis, les conséquences sont perceptibles. De nombreuses familles sont déplacées, confrontées à la perte de leurs biens et à la menace de maladies liées aux eaux stagnantes. L’interruption des activités commerciales et la destruction des infrastructures augmentent la précarité dans les régions. Les sols, déjà fragilisés par l’érosion, sont davantage dégradés, et les rivières polluées par les débris charriés par les eaux.
Résilience des Populations :
Face à cette situation, la solidarité communautaire est exemplaire. Des initiatives locales voient le jour pour secourir les sinistrés, tandis que les ONG et les humanitaires au niveau mocal tentent d’apporter une aide d’urgence. Cependant, ces efforts, bien que louables, restent limités face à l’ampleur du défi.
Ces inondations récurrentes soulignent l’urgence d’une révision en profondeur de la planification urbaine au Mali. Il est maintenant urgent de mettre en place un plan d’urbanisation durable face à la problématique classique chaque année , de renforcer la gestion des infrastructures existantes et de sensibiliser la population à l’importance des pratiques respectueuses de l’environnement. Par ailleurs, le renforcement des systèmes d’alerte précoce et des mesures d’urgence s’impose pour minimiser les pertes humaines et matérielles à l’avenir. L’annonce des prévisions pluviométriques par la Météo doit être adaptée pour atteindre les cibles les plus exposées face à la situation.
Les inondations au Mali, comme celles observées à Ségou, Gao, Bla, et Bamako, rappellent cruellement les défis structurels auxquels le pays est confronté. Alors que les Maliens font preuve d’une résilience admirable, la question demeure : jusqu’à quand cette résilience suffira-t-elle ? Seule une prise de conscience collective, accompagnée d’actions concrètes des autorités et des citoyens, permettra de transformer ce cycle de destruction en une opportunité de renouveau et de développement durable.
Madou’s Camara info360.info